Récemment, Christian Estrosi, député-maire de Nice, président du conseil général des Alpes-Maritime et ancien ministre de l’Aménagement du Territoire, établissait le bilan de ses cent premiers jours en tant que maire de Nice, sans que la moindre allusion soit faite au futur port marchand, ce qui a quelque peu surpris. En effet, en période pré-électorale (JMM du 08/09/06), des assurances avaient été données pour la construction d’un port marchand au sud de la plate-forme aéroportuaire, à quelques centaines de mètres du chantier du port qui, le 16 octobre 1979, était englouti par un raz-de-marée. Ce tsunami qui avait fait plusieurs victimes, avait été provoqué par une avalanche sous-marine dans le canyon sous-marin prolongeant le delta du Var. Les pluies torrentielles qui sévissaient depuis plusieurs jours avaient porté le débit du fleuve à une crue exceptionnelle provoquant des éboulements. Par ailleurs, pendant plusieurs mois le tassement de la piste de l’aéroport – entièrement construite sur la mer – par des engins extrêmement puissants susceptibles d’ébranler un sous-sol instable s’était surajouté au phénomène naturel. Un risque demeure, notamment en cas de légères secousses sismiques, ce qui n’est pas exceptionnel dans la région. En outre, ce n’est un mystère pour personne que la plate-forme aéroportuaire a tendance à s’enfoncer. Après les études menées par Ifremer, « l’ensemble de la plate-forme aéroportuaire est en position instable », et il est nécessaire d’engager d’importants travaux d’enrochement pour éviter que l’érosion le long du rivage Sud de l’aéroport ne s’accentue.
Des études sans lendemain
Depuis cette catastrophe de 1979, de très nombreuses études, expérimentations, recherches, sondages à travers le sédiment ont été réalisés, non seulement à partir de la plate-forme, mais également en mer, notamment dans le canyon du Var, avec les navires Atalante et Pourquoi-pas? de l’Ifremer, le Météor de l’institut allemand Alfred Wegener… confirmant l’inanité d’un projet de construction d’un port au sud de l’aéroport.
Il y aura bientôt trente ans qu’avait lieu l’engloutissement du futur port marchand de Nice. Il y a huit ans, en mars 2000, était lancé le projet « Nice port neuf » avec l’appui du président du conseil général et du maire de Nice de l’époque ainsi que du préfet des Alpes-Maritimes, qui donnait l’appui officiel de l’État à cette réalisation. Les travaux auraient dû s’achever en 2006. Dans les conditions actuelles et faute de tout projet sérieux, le port de Nice, saturé de mars à octobre, continuera de vivoter et perdra des parts de marché au profit de ports dont le dynamisme s’affirme chaque année un peu plus, Savone et Monaco à l’Est, Toulon et Marseille à l’Ouest.
Dans la configuration du département, il n’y a pas de site pour construire un nouveau port marchand, si ce n’est l’actuel port de Nice avec deux possibilités. La première est que le port actuel soit aménagé en déplaçant la digue vers le sud et en l’alignant, ce qui permettrait une passe plus large et la création d’un ou deux postes à quai supplémentaires sans modifier le site du vieux port Lympia – à Monaco, la nouvelle digue ne nuit en rien au caractère du port d’Hercule qui a conservé sa double digue et son grand bassin ancien entièrement dédié à la plaisance. La deuxième solution serait de ne rien faire, ce qui est malheureusement l’avenir probable du port privé ainsi de toute perspective d’avenir pour le trafic des croisières. Seuls les plus grands paquebots continueront à mouiller en rade de Villefranche.