Le 6 mai, Joël Moebel, président du directoire présentait quelques données économiques sur l’activité 2007 de la filiale française du puissant commissionnaire de transport allemand, lui-même filiale de la très puissante Deutsche Bahn.
Le chiffre d’affaires (seule donnée économique fournie) de la filiale française a été en 2007 de 968 M€ en hausse de seulement 9 %. En 2006, ce même chiffre avait fait un bond de 19,7 %. Le CA du groupe était passé de 13,23 Md€ en 2006 à 14,06 Md€ en 2007, soit une hausse de 6,3 %. En revanche, le résultat d’exploitation (EBIT) du groupe avait progressé de plus de 23 % passant de 367 M€ à 453 M€.
Toujours est-il qu’en France, le CA de l’activité maritime (qui comprend également le « projet industriel ») a également augmenté de manière significative (18,7 %) passant de 203 M€ à 241 M€. Ce qui représente 92 100 EVP contre 79 000 en 2006 (+ 17 %). L’activité maritime représente donc le quart du CA de Schenker France mais seulement 8,2 % de ses 4 950 salariés. La première activité, par l’importance de son CA, est la « route nationale » avec 371 M€ et 3 500 salariés. La productivité per capita est donc sans commune mesure avec celle de l’activité maritime. Même l’aérien est inférieur au maritime: 193 M€ pour 520 salariés.
Pour expliquer la forte croissance du chiffre d’affaires maritime, Philippe de Crécy responsable de l’activité, évoque la forte croissance à l’export vers la Chine, le Japon et les États-Unis; une croissance équilibrée puisque l’export et l’import sont à peu près équivalents. Entamé il y a sept ans, le développement des trafics sur les DOM (Antilles, Guyane et Réunion) donne de bons résultats. 2007 a été une « excellente année » pour la division projets; excellente mais pas nécessairement récurrente compte tenu de son caractère très cyclique. Toujours est-il que Schenker pense appartenir désormais au club des quatre commissionnaires réellement spécialisés dans le projet en France. Y figurent également Someport Walon, SDV et TPI.
La disparition officielle de l’exemption de groupe accordée aux conférences maritimes en octobre prochain ne semble pas émouvoir particulièrement Philippe de Crécy. Cela devrait favoriser la concentration des fournisseurs à l’image de ce qui se rencontre dans l’aérien, estimait-il. Il n’est pas indifférent de savoir que l’achat de frets maritimes est centralisé chez Schenker, comme chez les autres, au niveau de groupe. Les filiales sont invitées à charger environ 80 % de leurs trafics sur les transporteurs désignés par la maison mère. Les quotas sont fixés par destination et compagnie.
Le route-mer-route: on y pense
La Deutsche Bahn s’est fixé un objectif de réduire ses émissions de CO2 de 20 % d’ici à 2020. Objectif qui engage les filiales du groupe. Schenker France évoque donc, entre autres, la nécessité de « contribuer à réduire les pollutions des émissions atmosphériques liées au transport ». Ce qui n’est pas aisé dans l’activité route internationale qui réalise un CA de 163 M€. Malgré l’existence d’un réseau très serré d’agences en Europe (887 agences représentant 42 600 employés) et le rachat de transporteurs routiers espagnol (Spain-Tir) et portugais (Pantrans), Schenker ne semble pas avoir beaucoup réfléchi au report modal maritime entre la péninsule Ibérique et l’Europe du Nord, par exemple. « Des réflexions sont en cours pour des livraisons entre Marseille et la Turquie. La desserte de la Scandinavie est également à l’étude », répond Schenker. Pour illustrer son engagement en faveur de la protection de l’environnement, Joël Moebel souligne que l’entreprise utilise le fluvial entre Le Havre et son entrepôt de Gennevilliers. Il serait également question d’utiliser mieux le port de Limay.
Le « partially knocked down »
Schenker France est très fier de sa nouvelle activité: la logistique PKD, Partially Knocked Down. Ainsi, dans certains pays imposant d’importants droits de douane à l’importation de voitures toutes montées, il est économiquement plus judicieux, pour de petites séries, de démonter partiellement les véhicules. À leur sortie de chaîne de montage, ils sont réceptionnés par Schenker qui vérifie le parfait montage, puis les démonte avant de les empoter dans des conteneurs, leurs pièces détachées étant soigneusement chargées dans d’autres boîtes. À destination, ces pièces sont remontées à leur emplacement d’origine.