« Croire c’est bien mais pratiquer c’est mieux! », lance Jean-François Da-laise. Après avoir souligné l’esprit d’entreprise du secteur fluvial, le président du Comité des armateurs fluviaux est revenu sur les deux projets de loi actuellement en cours de discussion, celui issu du Grenelle de l’environnement et celui sur la réforme portuaire. Sujet majeur pour les entreprises du transport fluvial, les infrastructures ont occupé une grande partie du débat. Jean-François Dalaise a souligné l’importance des canaux à grand gabarit. 80 % du trafic se réalise sur ces artères avec un taux de croissance de 48 % en dix ans contre 5 % d’augmentation sur les voies à petit gabarit. « Un tel constat peut il conduire à une autre politique que celle de concentrer plus encore les efforts publics sur la modernisation et le maillage du réseau magistral », s’interroge le président du Caf qui souhaite une véritable « logique d’itinéraires complets avec deux priorités. » Deux points ont retenus l’attention du président du Caf: d’une part, la Seine, depuis le Havre vers son hinterland et notamment la liaison entre Bray et Nogent-sur-Seine, pour laquelle il demande une intervention rapide de l’État. Dans ce schéma d’itinéraire logistique intervient aussi l’écluse fluviale de Port 2000 qui conserve son caractère virtuel. Le Secré-taire d’État aux transports a voulu rassurer les professionnels. « Il est urgent de trouver une solution à la question de l’écluse de Port 2000 », a déclaré Dominique Bussereau. Une partie des crédits dégagés dans le cadre du plan de relance des ports sera allouée à ce projet.
D’autre part, sur l’axe Rhône-Saône, Jean-François Dalaise s’est dit satisfait de constater que le projet de Fos 2XL à Marseille, prévoit déjà un dispositif fluvial. « Aujourd’hui, je me dois d’insister sur la cohérence du gabarit du canal du Rhône à Sète afin de garantir son achèvement d’ici 2013. » Le ministre a rappelé qu’il prévoit « également la modernisation du réseau existant et l’aménagement de nouveaux terminaux fluviaux. »
Le projet Saône-Moselle en ligne de mire
Parler des infrastructures fluviales implique de faire également un point sur l’avancée des liaisons interbassins. Le président du Caf a salué la « détermination du gouvernement et celle du maître d’ouvrage dans le saut de tous les obstacles déjà franchis. » Il a aussi relevé, « avec bonheur », l’inscription dans le marbre législatif de ce projet. Autre point de satisfaction du président du Caf, la soumission au débat public du projet Saône-Moselle. Soulignant la néces-sité d’un débat « large et pluridisciplinaire », Jean-François Dalaise s’est dit en phase avec les décisions du ministre. « Nous préférons un débat public lé-gèrement décalé plutôt que de courir les risques liés à son insuffisante préparation. »
Plan de relance des ports maritimes
Autre loi, autre sujet, le plan de relance des ports maritimes avec son volet sur les dessertes terrestres a aussi les faveurs de Jean-François Dalaise. Il a néanmoins apporter un plus dans le débat. « La mutualisation des THC et l’existence d’équipements de manutention adaptés aux bateaux fluviaux mériteraient d’être introduites par les autorités portuaires dans les cahiers des charges applicables aux opérateurs de terminaux. » Le Secrétaire d’État aux transports a dressé un portrait des dispositions fluviales dans ce projet de loi. « L’engagement de doublement de l’acheminement fluvial et ferroviaire des marchandises à destination ou en provenance des ports se voit mis en pratique. » Sans répondre directement aux soucis posés par le président du Caf, le Secrétaire d’État aux transports a insisté sur la massification des dessertes terrestres des ports, notamment fluviales.
Enfin, parmi les autres sujets abordés, celui du plan d’aide à la modernisation des sociétés de transport. Le maintien de ce dispositif dans le cadre du projet de loi issu du Grenelle de l’environnement a rassuré le président du Caf. En revanche, il s’est dit alarmé des sommes alloués à cette mesure, demandant ainsi un doublement, c’est-à-dire entre 30 M€ et 50 M€. « J’ai pris note de votre perplexité face au montant du plan d’aide à la modernisation, a déclaré Dominique Bussereau. Je suis également favorable à l’augmentation substantielle de cette dotation budgétaire et je tâcherai de peser dans ce sens lors des prochains arbitrages du budget. » S’inscrivant dans la catégorie des « fidèles pratiquants » du transport fluvial, le Secrétaire d’État a rappelé son souhait de dynamiser la profession. Après un an au ministère, le premier bilan s’avère plutôt positif. Rendez-vous est pris pour l’année prochaine.