Les bilans financiers des principaux opérateurs de manutention de conteneurs dans le monde sont tombés pendant le premier trimestre. L’année dernière a été plutôt prolifique. Les onze premiers mois n’ont pas démenti les prévisions de croissance économique mondiale. Avec cet essor, les échanges de marchandises, et par voie de conséquence, les trafics maritimes ont tourné à fort régime. Les dernières semaines de l’année ont montré des signes de ralentissement qui n’ont pas encore eu d’effets sur les bilans de 2007.
– Le groupe Hutchison Whampoa Holding, détenant Hutchison Ports, affiche une sérénité bien asiatique. Le trafic traité sur l’ensemble des terminaux du groupe a progressé de 12 % à 66,3 M EVP. Dans le même temps, le chiffre d’affaires a augmenté de 15 % à 37,9 Md HK$ (3,32 MdE). L’EBIT (earnings before interest and transaction) a connu la même tendance avec une hausse de 13 % à 12,8 MD HK$ (1,12 Md E). Si les trafics ont augmenté, les bons résultats financiers tiennent aussi à l’extension du réseau du groupe. Ainsi, 2007 marque la première année de plein exercice pour le terminal de Barcelone (Tercat). Dans les autres ports, le taux de croissance varie entre 6 % à Shanghai et 78 % dans le port thaïlandais de Laemshabang. Au cours de l’année passée, le groupe a démarré des opérations dans plusieurs terminaux dont ceux de Sohar (Oman), Alexandrie et Dekhlia (Egypte) et à Lazaro Cardenas (Mexique).
– PSA (Port of Singapore Authority) a surfé sur cette vague. Le développement des échanges conteneurisés en Asie, en Europe du Nord et en Méditerranée s’est largement répandu sur les résultats du groupe. Avec 58,9 M EVP traités dans l’ensemble de ses terminaux, soit une progression de 14,8 %, le groupe occupe la seconde place dans le classement des opérateurs de manutention mondiaux. Les opérations européennes représentent 32,7 % du chiffre d’affaires du groupe. Un volume qui grossit par la bonne performance réalisée dans le terminal anversois, mais aussi grâce au terminal turc de Mersin, récemment acquis.
– Le groupe chinois de Hongkong, CMHI (China Merchants Holding International) n’a pas échappé à ce courant porteur. Avec un trafic de 47,12 M EVP en 2007, il enregistre une croissance de 17 % de son volume. Une hausse qui permet au Chinois de réaliser un chiffre d’affaires de 24,4 Md HK$ (2,14 Md E), soit + 25,4 %. Premier opérateur en Chine continentale avec 36 % de parts de marché, selon les données du groupe, CMHI a investi dans de nouveaux terminaux notamment à Zhanjiang et Ningbo. Après avoir assis sa position en Chine, le groupe étend son activité à l’international avec une première prise de participation dans un projet au Vietnam. L’année 2008 s’annonce plus difficile, selon le président du groupe, Fu Yuning. « Cette année sera difficile si nous prenons en considération les prévisions économiques internationales. Pour éviter d’en avoir un impact trop important, nous nous engageons dans un processus de réduction de coûts pour améliorer la gestion et la productivité de nos opérations », a déclaré le président.
– DP World, société basée à Dubai, a diversifié ses implantations depuis 2005, lors de la reprise des actifs de P & O Ports. Avec une croissance de 32 % à 2,7 Md$, le groupe de Dubai arrive désormais en tête du classement mondial. Le trafic se monte à 43,3 M EVP, en hausse de 18 %. « En 2007, a indiqué Mohammed Sharaf, directeur général de DP World, nous sommes devenus un véritable opérateur portuaire. » Après avoir pris position dans les principaux marchés mondiaux de la conteneurisation, DP World est entré en Afrique. Il a remporté la concession du futur terminal à conteneurs de Dakar, au nez et à la barbe du groupe français Bolloré, et en Egypte. En Europe, sa présence, déjà marquée, s’est renforcée en remportant la concession du London Gateway, terminal qui desservira le marché londonien, et le Maasvlakte 2, extension dans le port de Rotterdam. Le président du groupe a rappelé que « le port de Jebel Ali, le terminal d’origine du groupe, est devenu le septième port mondial avec un volume de 10 M EVP. » Pour l’avenir, le groupe de Dubai reste prudent. Les deux premiers mois d’activité affichent une hausse mais « la croissance sur les marchés demeure incertaine », précise la direction du groupe qui table encore sur une croissance externe. De nombreuses opportunités sont à prévoir, tant dans les concessions actuellement en opération que sur les projets de développement portuaire.
Situation quasi-identique chez Cosco- Pacific, filiale du groupe Cosco. Avec un trafic de 39,8 M EVP, le groupe chinois a enregistré une croissance de 21,5 %. Un score qui lui permet, selon le classement de Drewry Shipping consultants, de se placer à la cinquième place des manutentionnaires de conteneurs. Ce groupe réalise 90 % de ses trafics dans les trois principales régions portuaires de Chine: dans la région du Bohai Rim, dans les Delta du Yangtsé et de la Pearl River. Les 10 % de ses trafics sont réalisés à Singapour, le groupe est partenaire aux côtés de PSA dans la gestion des terminaux de la république indépendante de Malaisie. Il participe aussi à la gestion du Suez Canal Container Terminal, en Égypte, aux côtés d’autres opérateurs comme APM Terminals. Enfin, il est actionnaire minoritaire de l’Antwerp Gateway, terminal situé sur le Deurgandock à Anvers. Fort de ces résultats, Cosco Pacific continue sur sa lancée en investissant dans d’autres ports. Le groupe a acquis 70 % d’intérêts dans un terminal à Xiamen et 80 % à Jinjiang, en Chine. En Égypte, il a remporté la concession de l’extension du terminal de Suez Canal.
– Dernier groupe asiatique, le philippin Ictsi occupe une position plus modeste face à ses concurrents. Avec un trafic de 3 M EVP, le groupe philippin fait office de petit joueur parmi les géants de la manutention asiatique. Un volume qu’il faut cependant noter puisqu’il a grossit de 51 % en un an. Une performance qui a incité le président du groupe, Enrique K Razon, a qualifié « cette année de grand succès pour le groupe. » Les concessions du groupe aux Philippines et celles implantées dans les ports étrangers ont réussi à afficher des progressions à deux chiffres. Sur l’étranger, Ictsi perce les plafonds et réalise une croissance de 83 % de son trafic à 1,4 M EVP. Une performance qui tient surtout à l’entrée en activité des terminaux en Chine, Equateur, Syrie, Colombie et Géorgie. Le groupe philippin demeure optimiste pour les prochains mois avec un volume qui sera toujours en hausse et une amélioration de la marge du groupe par des efforts de productivité.
– En marge de ces groupes asiatiques, trois Européens s’invitent dans le classement des dix premiers opérateurs de manutention. APM Terminals, filiale du groupe AP Moller, a vu son bilan financier augmenter de 22 % sur l’année à 2,5 Md$. Avec un trafic de 31,4 MEVP traités sur l’ensemble des ports, APM Terminals a malgré tout subi le contrecoup de la crise des subprimes aux États-Unis. Dans ce pays, les volumes de l’opérateur affichent une baisse de 9 %. Elle est compensée par les bonnes performances réalisés par les autres terminaux du portefeuille. En outre, la société précise que 34 % des volumes traités le sont pour des armements tiers au groupe AP Moller. « Même si les relations commerciales avec Maersk Line demeurent fortes, nous nous assurons que celles avec les autres armateurs soient les meilleurs possibles pour servir leurs besoins sur nos terminaux », a rappelé Kim Fejfer, président de APM Terminals. En 2007, APM Terminals a investi 853 M$ pour l’ouverture de nouveaux terminaux. Ainsi, celui de Tanger Med a été inauguré en juillet, Portsmouth, en Virginie, Tianjin et Xiamen en Chine ont démarré leurs opérations. Le groupe est présent en France, à Port 2000, avec quatre postes à quai gérés par la SETPO (Société d’exploitation du terminal de la Porte Océane), co-entreprise entre APM Terminals et le groupe Perrigault. La SETPO a commencé ses opérations dans le courant du dernier trimestre. Enfin, APM Terminals a aussi posé une partie de ses sacs en Afrique. En 2007, il a pris la concession de Téma, au Ghana, et de Luanda en Angola. Et le groupe déclare ne pas être en mal de nouvelles ressources puisqu’il a dans ses cartons plusieurs projets dans le monde.
– Eurogate, groupe allemand présent sur toute l’Europe, a présenté un record dans ses résultats. En 2007, Eurogate a traité un volume de 13,9 M EVP, en hausse de 10,6 %. Le chiffre d’affaires en a profité en progressant de 17,8 % à 659,5 MEVP.En 2007, le groupe a consacré 175 ME en investissement pour les différents terminaux. « Un chiffre en hausse de 62 % », a rappelé Emmanuel Schiffer, président du groupe. Et ce montant devrait continuer à s’accroître avec une enveloppe de 1,1 M d E jusqu’en 2012 qui sera financé par une hypothèque et le cash flow. Pour les prochaines années, la principale préoccupation du président du groupe porte sur le gigantisme des porte-conteneurs. « Le nombre de navires de plus de 10 000 EVP va aller grandissant. Une donnée que nous devons prendre en considération parce que les temps à quai vont s’allonger. Nous devons donc investir dans de nouveaux équipements de manutention », a expliqué Emmanuel Schiffer.
– Enfin, l’autre groupe allemand de manutention conteneurs, HHLA a vécu une année 2007 importante. Le groupe est entré en Bourse le 2 novembre. Le Land, actionnaire du groupe de manutentionnaire conserve une part. Les autorités régionales locales souhaitent garder un siège au conseil d’administration du groupe. Globalement, sur l’ensemble de l’année, HHLA a réalisé un chiffre d’affaires de 1,18 MdE, en hausse de 16 % pour un résultat opérationnel de 288 ME, en augmentation de 32 %. Le volume traité dans les terminaux de Hambourg et d’Odessa s’élève à 7,2 M EVP, en augmentation de 11,2 %. HHLA appuie ses perspectives pour cette année selon les prévisions faites par les instituts économiques qui tablent sur 10 % de hausse en Europe du Nord. « Dans ce contexte, nous pensons que nous réaliserons une année 2008 sous les mêmes auspices avec une croissance de notre volume d’affaires à deux chiffres pour atteindre 1,3 MdE », a annoncé Klaus-Dieter Peters.
Erratum
Dans l’article intitulé HHLA, le boom des trafics continue en 2008 (JMM du 11-4-2008, p. 17), dernier paragraphe, il fallait lire « dragage de l’Elbe » et non « du Rhin ». Le reste est inchangé.
