La voie maritime du fleuve Saint-Laurent et des Grands Lacs a entamé le 26 mars sa 50e saison de navigation. Gérée conjointement par les Etats-Unis et le Canada, l’infrastructure a en effet été mise en service en 1959 et fêtera officiellement ses cinquante ans l’an prochain. Le canal de Welland, qui permet de contourner les chutes du Niagara, a, lui, repris du service le 20 mars dernier.
Volumes médiocres en 2007.
En 2007, la voie maritime a été ouverte jusqu’au 28 décembre, soit une saison de 283 jours, égalant le record de durée de 2006. Le volume de marchandises transportées s’établit à 42,7 millions de tonnes, contre 47,2 millions l’année précédente (43,3 millions en 2005). Le début de saison notamment a été modeste – avant une reprise à l’été et l’automne – en raison principalement d’un trafic réduit des navires océaniques. Il est attribuable à la baisse des importations d’acier en raison des stocks élevés dans les usines et du ralentissement de la production industrielle. Par contrecoup, il y a eu aussi moins de navires pouvant emporter des céréales dans le voyage retour vers les destinations d’outre-mer. Toutefois, les cargaisons « spéciales », dont se vante régulièrement la Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent, ont continué leur progression. Les composantes d’éoliennes destinées aux projets d’énergie verte de l’Est de l’Amérique du Nord symbolisent ainsi la volonté de diversification des marchandises. Elles devraient encore augmenter.
Une mission commerciale a eu lieu au Brésil en octobre. Le troisième partenaire commercial étranger du réseau (un million de tonnes de marchandises brésiliennes y transitent chaque année) est un marché prometteur. Les secteurs des mines (fer, nickel, aluminium, manganèse, étain, kaolin), des produits forestiers (rondins, papier et pâte) et de l’agriculture (soja, éthanol et autres biocarburants) sont notamment ciblés. Le Canada et les Etats-Unis vendent, eux, au Brésil des équipements miniers, agricoles et pétroliers.
Étude stratégique.
La fin de l’année 2007 a vu la publication de l’étude binationale et multipartite sur les Grands Lacs et la voie maritime du Saint-Laurent. Elle dresse un état des lieux des atouts majeurs du réseau. Celui-ci pouvant pénétrer de nouveaux marchés et contribuer à réduire la congestion terrestre des chemins de fer et routes, en complétant efficacement les infrastructures intermodales existantes. Mais le document préconise un plan pour la modernisation et la durabilité du réseau, qui passe par l’optimisation des écluses et chenaux actuels où les équipements sont vieillissants.
Du côté du Canada, 270 millions de dollars (170,1 millions d’euros) ont été débloqués par Transports Canada, le ministère fédéral du Transport, pour des travaux de rénovation étalés sur cinq ans. Du côté américain, un plan de renouvellement des actifs afin de suivre l’augmentation du trafic a été concocté. Il donnerait lieu à des investissements importants s’il est approuvé par le Congrès, qui fournirait les fonds demandés.
Enfin, concernant le canal de Welland, un programme est d’ores et déjà en cours pour moderniser des équipements en service depuis 1932: conversion à l’hydraulique, système d’amarrage à vide et télémétrie au laser permettant au capitaine de juger avec précision l’entrée dans l’écluse, mais aussi dispositif d’amarrage mains libres… À suivre.
Gel des tarifs
La Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent (CGVMSL) a annoncé un gel des péages sur son réseau, au moins jusqu’en 2011. La structure tarifaire a été révisée. Objectif: stimuler le développement d’une nouvelle clientèle et maximiser le volume des produits déjà transportés, dans un contexte d’escalade des coûts et du besoin de stabilité des acteurs concernés. Les transporteurs et expéditeurs se voient accorder 20 % de réduction sur les péages pour les cargaisons considérées comme « nouvelle clientèle » sur des critères produit-origine-destination. Tout transport en conteneurs est admissible à la réduction de tarif qui court, là, jusqu’en 2012. Les produits de base traditionnels de la voie ne sont pas oubliés puisque les expéditeurs bénéficient de 10 % de baisse sur les cargaisons pour certains volumes supplémentaires. Les droits d’éclusage du canal de Welland sont remplacés par des frais proportionnels à la jauge brute du navire, en soutien aux petits et moyens navires. Un plafond est fixé pour les plus grands. Pour promouvoir le transport de courtes distances, souvent le vrac, le terme « cargaison intérieure » englobe maintenant toutes les combinaisons de lieux du réseau au Canada et Etats-Unis.
H.L.