Marfret: de l’eau salée à l’eau douce

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Marfret, la contraction de Marseille Fret, aurait pu commencer à regarder le terrestre depuis sa base phocéenne. Mais l’armateur a préféré entrer en Seine. Aujourd’hui, il dispose de deux lignes régulières. La première relie quotidiennement depuis mai 2005 le port du Havre à Rouen. Cette ligne est assurée par trois barges, deux de 100 EVP de capacité et une de 200 EVP. La seconde liaison relie le port du Havre avec celui de Gennevilliers avec deux barges de 100 EVP. Marfret affrète directement auprès d’artisans trois barges (deux qui assurent la liaison Le Havre/Gennevilliers et une pour la liaison Le Havre/Rouen). Les deux autres barges de la flotte fluviale de Marfret sont affrétées auprès d’une coopérative d’artisans. En plus de ces services fluviaux, sur la plate-forme de Gennevilliers, Marfret offre la livraison par camion des conteneurs en région parisienne.

Fort de cette première expérience, l’armement marseillais vise d’autres développements dans ce secteur. Toujours sur la Seine, il a monté un système logistique pour le compte d’UPM Kymene. « Nous allons faire du sur-mesure pour ce client », explique Arthur Fournel, responsable de l’agence de Gennevilliers. Le principe est simple, mais efficace: acheminer depuis la région rouennaise des bobines de papier pour les imprimeurs. Au retour, les barges chargent des papiers usagés collectés par les services du Syctom pour revenir vers l’usine de la Chapelle d’Arblay, lieu de production de papiers. La boucle est bouclée et les premiers transports devraient se faire dans le courant du mois d’avril. Pour se faire, Marfret a investi dans des conteneurs particuliers, des boîtes de 45’ bâchées sur le côté pour un déchargement plus rapide. Construits en Chine, ils seront livrés en France dès le 21 avril. La logistique de ces bobines de papiers est assurée par Westerlund. Les bobines seront chargées depuis le quai de l’opérateur. Puis les conteneurs seront déchargés sur les ports de Gennevilliers et de Bonneuil-sur-Marne. « Arrivés à destination, ils seront livrés chez les clients par notre propre flotte de camion. Ensuite, les poids lourds feront la tournée des centres de collecte de papiers usagés du Syctom pour y charger des balles de papiers recyclés », développe Arthur Fournel. Ce système efficace comporte un élément de taille en sa défaveur. Les tarifs de transport fluvial sont aussi élevés que ceux de la route. « Le passage de la théorie à la réalité a pu se faire par la volonté de l’industriel de passer au fluvial. Il a joué la carte de la fiabilité. » Dans un premier temps, Marfret pense drainer un trafic de 80 000 t par an pour ensuite passer à des cadences plus élevées.

À court terme, Marfret étudie son implantation au nord de la France. Il souhaite ouvrir une liaison entre Anvers, Lille et Dunkerque avec une barge de 100 EVP. Alors que le service NCS (Nord Container Service), entre Lille et Dunkerque vient de prendre fin, cette offre pourrait redonner une seconde jeunesse à ce lien.

Enfin, après la Seine et bientôt le Nord, Marfret continue d’étendre son activité vers d’autres bassins. Sa prochaine cible sera la Loire. Les études sont finies et une ligne reliant Saint-Nazaire à Cheviré pourrait démarrer cet automne. « Nous allons développer une offre qui cadre avec notre philosophie: faire quelque chose de simple, compétitif et fiable avec l’ensemble des acteurs régionaux, le port et les collectivités locales. » Son tarif sera d’environ 10 % moins cher que la route en incluant les prix de manutention et la mise sur camion. Ce projet s’articule autour de la création d’un dépôt de conteneurs à Cheviré. Quant à la manutention, elle se fera sur une base « communautaire », selon Arthur Fournel. Un concept qui doit préserver les équilibres actuels. La manutention de ces boîtes se fera par deux structures, une à chaque bout de la chaîne logistique. Toutes deux sont en cours de création.

« Ce projet sur la Loire, comme ceux de Seine et du Nord doivent permettre de rapprocher les zones logistiques des fleuves », plaide Arthur Fournel qui affiche 40 000 EVP transportés par fleuve en 2007. Un trafic en hausse de 250 % en raison des chiffres minimes sur les premiers mois d’exploitation des services. En se positionnant sur le fleuve, Marfret ne s’éloigne pas véritablement de son métier d’origine, l’armement maritime. « Le fluvial, notamment dans les ports de Rouen et du Havre, est un vecteur obligé. C’est au travers de ce mode que ces ports se développeront. Le fluvial est un cercle vertueux que nous empruntons pour alimenter nos services maritimes. Il ne nous éloigne pas de notre métier, bien au contraire, il pérennise nos activités », souligne le responsable de l’agence de Gennevilliers. Et après avoir développé des activités fluviales, l’armement basé à Marseille regarde aussi le fluvio-maritime. Ce mode entre dans sa stratégie, c’est du « très short sea » pour rapprocher les ports. « C’est une évolution nécessaire, c’est dans notre axe stratégique ».

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