En 2007, les échanges internationaux ont été à l’honneur avec notamment une croissance de 11,4 % des trafics conteneurisés à travers le Monde. Dans ce contexte, les résultats financiers de la CMA CGM sont en hausse. Son chiffre d’affaires gagne 40 % en un an à 8,61 Md€. Sur les deux dernières années, de 2005 à 2007, CMA CGM pulvérise les records avec un chiffre d’affaires qui progresse de 59,8 %. Le résultat net du groupe s’élève, quant à lui, à 705 M€, en hausse de 58 % en un an.
Mais cette performance est aussi liée à la croissance interne du groupe. D’une part, de nouvelles acquisitions ont permis de renforcer la position de l’armement. Ainsi, au cours de l’année, le groupe CMA CGM a racheté Cheng Lie Navigation, un armement taïwanais spécialisé dans les liaisons intra-asiatiques. En reprenant cette société, CMA CGM « conforte son offre sur la première région maritime commerciale du monde », note le groupe. Ensuite, ce fut l’armement marocain Comanav qui fut repris, « pour renforcer la présence du groupe dans un pays à la croisée des routes maritimes entre l’Europe, l’Afrique de l’Ouest, l’Amérique et l’Asie. » Enfin, CMA CGM s’est offert US Lines. Une acquisition qui correspond, selon le groupe, à une stratégie de déploiement dans des marchés de niche. US Lines a percé sur les liaisons entre les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Et ces achats n’ont pas empêché le groupe de créer de nouvelles lignes maritimes. L’an passé, 42 liaisons nouvelles ont vu le jour, soit en propre soit en partenariat avec d’autres compagnies. Parmi elles, 11 lignes ont démarré depuis l’Asie vers les autres continents, et notamment la Méditerranée, l’Afrique, l’Amérique et l’Australie. Et 21 lignes ont vu le jour en intra-asiatique.
En plus de la croissance externe, le groupe assoit son développement sur une intégration verticale. Il investit dans les opérations terrestres pour renforcer sa stratégie de « door to door ». Au final, en 2007, CMA CGM a vu ses volumes progresser de 41 % dans l’intermodal. Déjà présent sur le fluvial, en Seine et sur le Rhône au travers de RSC (River Shuttle Container), la société marseillaise a misé sur le ferroviaire au travers de sa nouvelle structure CMA Rail. Au cours de l’année, cette filiale a pris position en Europe, mais aussi en Algérie, en Inde et en Chine.
Autre nouveauté, CMA CGM a aussi étendu son réseau de terminaux à conteneurs. « Le groupe a continué sa politique d’investissement dans les terminaux afin d’assurer les escales de ses navires dans un contexte de congestion portuaire grandissant », note le groupe. CMA CGM a posé le pied dans plusieurs nouveaux ports. Ainsi, le groupe est désormais présent au Maroc dans les ports de Casablanca et de Tanger. En Europe, la société de Jacques Saadé participe au consortium en charge de l’exploitation du futur terminal de la Maasvlakte 2 dans le port de Rotterdam. En Asie, elle a consolidé sa position en Chine dans le port de Xiamen, port situé dans le détroit de Taïwan, au Viêt Nam, dans le projet de terminal à conteneurs de Ca Mép-Thi Vai, et à Busan en Corée.
Et cette année s’annonce sous le signe de la consolidation. Un ralentissement des échanges internationaux est attendu. « Nous avons la perception que la croissance mondiale ne sera pas au niveau de celle de l’année passée et que cela se répercutera sur les échanges. D’autres pays prendront la relève: le Brésil et la Russie peuvent jouer le rôle de nouveaux relais de croissance », commente le groupe. Les investissements réalisés au cours des années précédentes l’incitent malgré tout à un optimisme raisonné. « Notre groupe a une structure diversifiée avec une très large assise mondiale qui lui permet de parer aux effets du ralentissement des échanges avec les États-Unis: nous avons une force de frappe importante et sommes bien armés pour entrer dans des années plus compétitives. »
Et pour rester dans la compétition, la CMA CGM ouvre un chantier en 2008 sur les dépôts de soutes. Interrogée, la direction du groupe répond que cette position est justifiée en raison de la cherté et de la raréfaction du fuel. Autre dossier en cours, le rachat de chantiers navals. « Nous avons déposé un dossier pour reprendre la forme 10 à Marseille », reconnaît le groupe, sans pour autant préciser si cette reprise se ferait seule ou avec des partenaires.