À Degrad des Cannes, le conflit a pris fin le 11 février. Le lendemain, le 12 février, le port de Fort-de-France a été paralysé. Deux mouvements qui se suivent sans se ressembler.
La fin du conflit de Degrad des Cannes a été possible par l’intervention de deux médiateurs: Jean-Louis Saulnier, vice-président de CMA CGM et responsable des lignes sur les Antilles/Guyane et Franck Gonsse, secrétaire général de la Coordination nationale des travailleurs portuaires et assimilés (CNPTA). Arrivés en Guyane le 9 février, les deux médiateurs ont permis de trouver un accord dès le 10 février, quelques heures avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy. Le conflit, qui avait démarré le 25 janvier, portait sur la réintégration d’un cadre du Gemag (Groupement d’employeurs de la main-d’œuvre dockers) licencié et sur plusieurs revendications locales. Deux points sont à retenir de ces négociations: l’un concerne les primes de vacances qui seront revues lors du plan de modernisation, l’autre a trait à la prime de voltigeur. Sur le plan de modernisation, le protocole d’accord signé prévoit une réorganisation des conditions de travail dans le port en reposant sur trois postulats. Elle est d’abord liée à l’arrivée de nouveaux navires mis en ligne depuis quelques semaines par les armements desservant la Guyane, ICMA CGM et Marfret principalement. Le second principe prévoit le renforcement et le rallongement du quai. L’appel d’offres est lancé. Les travaux devraient être achevés en 2009. Dernier barreau de ce plan de modernisation de la manutention guyanaise, l’organisation du travail sur les quais. L’objectif est d’adapter les horaires de travail en concertation avec les armateurs, la CCI et les clients du port. Ce projet de nouvelle organisation prend le nom de Cap 2010.Quant à la prime de voltigeur, elle a été acceptée. Déjà admise dans des ports métropolitains comme Dunkerque, elle vise à indemniser le personnel qui arrime les boîtes au-delà de la quatrième ou cinquième hauteur.
Ce conflit terminé, les armements doivent maintenant rapatrier les conteneurs vers le port. Ils ont annoncé pour se faire un coût de 690 €/EVP, 965 €/40’ en dry. Les taux pour les reefers sont, respectivement, de 890 €/EVP et 1 180 €/40’. À ces taux vient se greffer le coût de la manutention. Quelque 1 000 boîtes sont actuellement en attente à Port of Spain. Ces coûts, selon les armateurs concernés, ne couvrent pas la totalité des dépenses engagées par ce conflit. Une mission commerciale est prévue en Guyane pour rencontrer les clients et expliquer ce surcoût.
Alors que le 11 février, le premier navire revenait dans le port de Guyane, le port de Fort-de-France, en Martinique, était en grève dès le 12 février. Le 15 février, un texte de la conférence France/Antilles françaises explique que « les négociations menées avec les syndicats de dockers n’ont pas abouti, ceci en raison du blocage de l’un d’entre eux qui remet en cause toute possibilité d’accord consensuel en cette fin de semaine ». La situation paraît bloquée. Selon certaines sources, ce mouvement intervient après plusieurs séances de négociation sur les NAO (négociations annuelles obligatoires) qui n’ont pu déboucher sur un accord.
Ce mouvement social survient alors que les premiers conteneurs de bananes sont arrivés sur le port. Ces trafics ont cessé depuis le passage du cyclone Dean qui a ravagé les plantations. Le principe de sanctuarisation portuaire, mis en place par les syndicats depuis le mois de mars 2006, prend un coup de canif avec ce mouvement.