Si les résultats globaux de Voies navigables de France (VNF) en 2007 sont décevants avec une chute de 5,1 % en t-km à 7,54 Md, il y a au moins deux raisons de satisfaction pour son président, François Bordry. D’une part, cette chute est strictement imputable à une baisse de la demande de transport de charbon et de céréales. Il n’y a donc pas eu de perte de part de marché du fluvial. D’autre part, le trafic conteneurs a augmenté de 10 % à 460 000 EVP. Sur la Seine, il gagne 29,4 % à 185 000 EVP tandis qu’il perd 6 % sur le Rhin à 136 000 EVP du fait de la baisse de l’activité Peugeot à Mulhouse. Le Rhône est en croissance de seulement 9,5 % à 67 000 EVP du fait de la grève du PAM. Le Nord-Calais progresse de 3,6 % à 72 000 EVP. Ces chiffres sont provisoires et « perfectibles ». En effet, le service statistique de VNF ne distingue pas les vides des pleins, ni le contenu même approximatif des pleins.
« Cette progression renforce la place qu’est appelé à occuper le mode fluvial dans la desserte des hinterlands des ports maritimes, et confirme, s’il en était besoin, la poursuite du report modal dont bénéficie la voie d’eau », estime VNF. Il est vrai qu’en 1993, le trafic conteneur était de l’ordre de 50 000 EVP. Avec le projet du canal Seine-Nord Europe, le trafic conteneurs ne pourra que se développer, dans un sens ou dans l’autre. VNF prévoit en effet le développement d’un réseau de plates-formes trimodales proches des grandes zones de consommation et de productions. L’établissement espère donc voir se localiser en France quelques grands centres de distributions, aujourd’hui majoritairement installées en Belgique et aux Pays-Bas. Cela devrait créer de l’emploi et réduire l’utilisation du transport routier (tout en augmentant le trafic de courte distance, pourrait-on ajouter). Pour répondre aux vœux du Grenelle de l’environnement visant à accroître de 25 % le trafic des modes dits alternatifs vers 2012 notamment dans la desserte des ports maritimes, il faut, pour le fluvial, améliorer les interfaces port/fleuve. Le président Bordry pense à l’écluse du Havre et également à la création de quais dédiés aux unités fluviales, souvent « maltraitées ». Il n’y a pas que les quais à revoir, il faut également repenser le système et les coûts de manutention relatifs aux opérations fluviales. Le président espère donc de grandes choses de la réforme portuaire annoncée.
Le Medad: un paradis pour VNF
Il est rare de rencontrer un président d’un établissement public aussi ravi d’avoir pour tutelle ce grand et vaste ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables. D’autant qu’en 2008, il faudra préparer le prochain contrat d’objectifs et de moyens entre VNF et l’État. Pour faire simple, VNF veut tout: bien sûr la gestion du réseau de transport qui est son cœur de métier, mais également la gestion du réseau hydraulique qui alimente en eau toute la France, maintient la biodiversité et produit de l’électricité durable dont tout ou partie des recettes devraient « en toute logique » revenir à VNF. Le fluvial c’est également le tourisme et plein d’autres choses. En toute cohérence avec le Medad et avec l’air du temps, VNF « doit » se voir confier la gestion intégrée et globale de l’ensemble des usages des voies navigables avec les ressources financières appropriées. Histoire de marquer son temps.