L’année qui s’achève a consacré le transport fluvial avec les conclusions du Grenelle de l’environnement. Le président de VNF ne s’est pas privé de rappeler son implication dans le rapport issu de ces rencontres. « Les propositions ont ouvert à ce titre de nombreuses pistes de travail. Permettez-moi de souligner en particulier les propos du chef de l’État qui, en conclusion du Grenelle de l’environnement, a mis en évidence la nécessité de développer sur notre territoire les liaisons fluviales pour leur contribution au report modal et au développement durable », a déclaré François Bordry.
Second sujet abordé par le président, et non des moindres, un premier bilan du premier contrat d’objectifs entre VNF et l’État qui vient à échéance en fin d’année. Sur les quatre années du contrat d’objectifs, « c’est 621 M€ que l’établissement aura investis pour la fiabilisation et la modernisation du réseau », a continué le président de VNF. Une somme élevée et pourtant, François Bordry reconnaît qu’elle demeure insuffisante. En charge de la gestion du réseau fluvial, VNF a identifié 144 barrages manuels à reconfigurer. Le constat paraît amer: 10 barrages ont été reconstruits et 6 sont actuellement en cours de rénovation. Ce programme de reconstruction participe à la sécurité des agents. Outre les barrages, François Bordry a souligné les besoins d’investissement sur le réseau magistral. « Je pense particulièrement au secteur de la Seine amont, sur lequel transitent déjà 3,5 Mt, qui nécessite un programme d’investissement de l’ordre de 240 M€ pour garantir sa fiabilité et conforter une évolution de trafic extrêmement prometteuse », a indiqué le président de VNF. Et pour augmenter sa capacité d’investissement, les ressources de l’établissement – qui reposent aujourd’hui uniquement sur la fonction transport du réseau – pourraient être élargies à tous les utilisateurs de la voie d’eau. Les agriculteurs ou les industriels sont les premiers visés.
L’Europe à la rescousse de Seine-Nord
Après le bilan de ce premier contrat d’objectifs, François Bordry a fait le point sur l’état d’avancement du projet Seine-Nord Europe. Première satisfaction de l’année 2007, ce projet a obtenu une subvention de la Commission européenne de 420 M€ dont 350 M€ pour la partie française. La demande faite auprès de Bruxelles concernant l’ensemble de ce projet associait la Belgique et les Pays-Bas. Le calendrier suit son cours. Le décret portant utilité publique de cette artère est actuellement sur le bureau du Conseil d’État. La haute autorité administrative devrait rendre un avis dans les prochains jours. En outre, la mission menée par Bernard Scemama et Yves Cousquer sur le financement de ce canal par le biais du partenariat public/privé devrait rendre son rapport dans le courant du second trimestre. Avant même que celui-ci soit remis, la direction de VNF mène des entretiens avec les acteurs privés qui souhaitent participer à la partie financière de ce projet afin « d’évaluer leurs attentes pour la conduite de ce projet. Cette phase d’écoute nous permet de mieux appréhender notre organisation afin de conduire au mieux la phase de dialogue compétitif », souligne François Bordry.
Enfin, pour ne pas oublier l’actualité François Bordry a abordé le projet de modernisation portuaire. « Tout le monde sait en Europe que l’attractivité et la compétitivité des ports maritimes sont intimement liées à leur capacité de redistribution des flux de marchandises vers l’intérieur des terres. Il nous faut donc travailler sur la qualité et la performance des interfaces et développer de nouvelles chaînes logistiques multimodales. » Il a alors plaidé en faveur de corridors multimodaux alliant fleuve et fer. Le premier mode devant permettre de traverser les agglomérations, le mode ferré jouant son rôle de desserte des grandes destinations.
Pour finir, sur une note moins optimiste, le président de VNF a donné les premiers chiffres du fluvial pour l’année passée. À 62 Mt, le fluvial stagne en France. Ses flux, exprimés en t/km, enregistrent pour leur part une baisse. Une situation liée à la conjoncture notamment pour les céréales et le charbon. Les premiers accusent une mauvaise campagne, les seconds se tassent par manque de demande liée à al douceur de l’hiver. Ce tableau comporte néanmoins des points positifs, notamment dans le domaine de la conteneurisation. Avec un trafic de 460 000 EVP pour la voie d’eau (+ 10 %), ce mode progresse notamment sur la Seine en sortie de Rouen et du Havre.