Depuis 14 mois, depuis que l’appel à projets a été lancé par le PAM (voir encadré) pour aménager la forme de radoub no 10, c’est le silence radio, tout au moins par le canal officiel du PAM. Comme à chaque fois, les informations sortent quand même. Une des idées les plus originales est de transformer la forme en silo à navires de plaisance couvert et automatisé. Le projet défendu par le marseillais SIFA s’appuie, à la manière des garages auto en étages, sur un procédé développé depuis plusieurs années avec l’allemand Kasto, leader mondial du stockage industriel automatisé.
Dans la forme mise à sec (465 m de long sur 85 de large), 3 000 alvéoles ou cellules accueilleraient à l’abri autant de bateaux à moteur de 13 m maximum. Sous la marque « Résidence Boat », l’installation permettra au plaisancier, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, « d’appeler » son embarcation à partir d’une borne en surface. Communiquant par RFID (radio fréquence identification), le système robotisé irait chercher le bateau qui, extrait de sa cellule, remonté par un élévateur, puis mis à l’eau automatiquement. Tout cela en dix minutes et au rythme de 60 manutentions par heure.
Outre le fait qu’il apporte une solution au manque endémique d’anneaux de plaisance (60 000 en France), le concept appartient à la haute qualité environnementale (HQE). Labellisé par le pôle de compétitivité mer PACA-Bretagne, ce nouveau standard de services et prestations portuaires représente une alternative aux problèmes d’impact environnementaux des ports classiques de plaisance. Il joue la carte de l’intégration architecturale de standing notamment par une couverture végétale
Sur Marseille, le projet défendu par SIFA va plus loin qu’un simple port à sec industriel automatisé, un port de grande plaisance et un chantier naval associé composeraient le réaménagement du site totalement dédié à la plaisance. Ces perspectives paysagères convaincront-elles le PAM, plutôt à la recherche d’une continuité industrielle, alors que la municipalité de Jean-Claude Gaudin se prononce pour une solution plaisance-croisière? Trois autres candidats à l’exploitation de la forme 10 et de ses alentours se sont également alignés: la CMA CGM dont la flotte de maxi porte-conteneurs pourrait trouver un havre si le tirant d’eau ne se révélait pas insuffisant, un broker de yachts anglais et une société française de BTP plutôt tournée vers les marinas.
Rappel des faits
Fin 2006, le PAM lance un appel à projets, « à idées » explique même alors son président Christian Garin, pour le secteur de la forme de radoub no 10. Au nord des bassins marseillais, le dossier concerne près de 20 h de terre-pleins et 163 ha de plan d’eau divisés en quatre lots. La plus grande part de la zone est en jachère depuis des années. Depuis que la forme de radoub no 10, la plus grande de Méditerranée et une des cinq plus grandes du monde, n’a plus rempli son rôle de réparation navale de supers navires. Avec cet appel, le PAM recherchait « en priorité des projets qui permettront une utilisation industrielle des installations, le développement d’activités de type chantier naval et le renforcement du pôle de réparation navale de grande plaisance ».