Terminal méthanier: un débat explosif

Dix réunions publiques, 10 000 participants, 2 300 questions posées par Internet, 13 000 contacts, le débat mené par la Commission particulière du débat public a battu son plein depuis septembre, avec des affluences allant jusqu’à 2 400 personnes par réunion notamment en Charente-Maritime. Enjeux sur l’environnement, impacts économiques et sociaux, acheminement du gaz, prévention des risques… Autant de thèmes qui, au fil des réunions, ont enflammé le public, sur fond, bien souvent, de protestations et parfois de discours devenus inaudibles. Le collectif "Une Pointe pour tous", fort de ses 4 000 adhérents, a pointé le manque d’expertises indépendantes ainsi que le survol des questions liées au gazoduc et à l’accès maritime. Et parmi les détracteurs, de nombreux élus se sont fait entendre: le député Didier Quentin, le Vert Noël Mamère, le sénateur-maire Xavier Pintat, la députée du Médoc Pascale Got… Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux Transports, qui après avoir prôné l’implantation de 4Gas à La Rochelle, s’en est pris à un projet "spéculatif et capitalistique". Les défenseurs du projet, 4Gas, PAB et son syndicat CGT, l’Union maritime et portuaire de Bordeaux, la CCI,… ont eu bien du mal à faire entendre leurs arguments: création d’une quarantaine d’emplois, gain de 2 Mt par an de trafic pour le port, retombées fiscales pour la région, nécessité de suppléer à l’épuisement du gisement de Lacq, rôle de catalyseur du projet… 4Gas a eu beau s’engager à multiplier les études et à réduire l’impact visuel de l’usine de regazéification, la méfiance, pour l’heure, reste toujours aussi forte. Qu’en retiendra la commission? Lors de la réunion de clôture, son président a assuré avoir entendu que "l’opportunité du projet a été remise en cause", notamment sur une question essentielle "tourisme et industrie sont-ils compatibles?", mais prend note aussi de l’effet levier économique que peut représenter un tel projet. Le CPDP a jusqu’au 14 février pour remettre son compte rendu. Le maître d’ouvrage 4Gas aura alors trois mois pour décider de poursuivre ou d’abandonner son projet.