Une inauguration en grande pompe. Le p.-d.g. du groupe Lafarge, Bruno Lafont, a posé la première pierre de la future usine de broyage de ciment sur le port de Sète, le 5 décembre, en présence du gratin du monde économique et politique régional.
D’ici deux ans, cette usine nouvelle génération, qui a nécessité un investissement de 40 M€, ouvrira ses portes et produira 600 000 t de ciment. Soit 50 % de plus que celle de Frontignan, qui sera détruite peu de temps avant l’inauguration de la nouvelle entité. L’intégralité du personnel sera donc transférée, soit 29 emplois conservés. Aucune création d’emplois n’est à l’ordre du jour sur Sète.
Une nouvelle logistique
Par contre, le cimentier Lafarge mise sur un changement majeur de mode de transport entre ses différentes entités de production. Grâce à un investissement supplémentaire de 10 M€, le clinker fabriqué à Port-la-Nouvelle sera acheminé jusqu’à Sète où il sera ensuite broyé. Le directeur général du Groupe Lafarge explique comment il compte parvenir à ce chamboulement logistique: "Grâce au cabotage, des unités de 4 000 t remplaceront les quelque 12 000 camions qui assurent le transport de clinker entre Port-la-Nouvelle et Frontignan. Le port de Sète bénéficiera d’au moins une centaine de touchés par an." Un geste visiblement très apprécié par le sous-préfet maritime, qui reconnaît que cette décision n’est "pas forcément très avantageuse économiquement".
Et si le représentant de l’État applaudit, les agents portuaires ne peuvent s’empêcher de rester prudents, à l’image de Philippe Boulanger, patron pilote. "Un nouvel outil industriel sur le port, c’est toujours une bonne nouvelle! L’impact en terme de trafic est certain, mais on ne sait pas à quoi s’attendre en terme de répercussions réelles…"
Pour certains, l’optimisme est tout de même de rigueur. Georges Frêche, président du conseil régional, mais aussi propriétaire et gestionnaire du port à compter du 1er janvier, voit en ce projet, fraîchement finalisé, un signe évident de relance économique pour le port de Sète. Lors d’un long discours où il s’est dit être "au service du patronat intelligent", le président de Région a fait le point sur les instances locales. "Nous avons échoué avec la CCI de Sète lors des négociations. De toute façon, ce n’est pas grave, elle va disparaître d’ici 18 mois pour fusionner avec la CCI de Montpellier. À terme, la société portuaire qui gérera le port sera dirigée par des armateurs et des chefs d’entreprises, via une société d’économie mixte avec l’Agglo, le conseil général et les villes concernées." Et l’orateur – friand des phrases-chocs – d’ajouter: "Le port de Sète a été dirigé par des manches pendant 20 ans! Et je ne dis pas ça pour le président actuel…" Michel Mateu, encore à la tête de la CCI de Sète, était absent lors de la cérémonie et n’a fait aucun commentaire à la presse par la suite.
Chane France dans les starting-blocks
Le maire de Sète, François Commeinhes, a accordé le 17 juillet dernier un permis de construire à Chane France pour une unité de broyage de clinker de 10 000 m2, sur la zone portuaire de Sète. L’usine de Lafarge s’étend sur 6 000 m2. À ce jour, Chane France n’a encore fait aucune déclaration sur sa future implantation.