Depuis quelques jours, la Banque mondiale (BM) diffuse son rapport Doing Business 2008. Celui-ci classe, en date de juin 2007, les États qui ont su créer l’environnement le plus favorable aux "affaires" (au sens économique ou commercial du terme, bien sûr). Pour la deuxième année consécutive, Singapour occupe la première place; devant la Nouvelle-Zélande; les États-Unis (3e rang); Hong Kong (4), le Danemark (5) ou le Royaune-Uni (6). Au sujet du Danemark, les auteurs de cette étude (qui ne reflète pas nécessairement les vues de la direction générale de la BM ou de ses États membres, précise-t-on) soulignent donc qu’un "pays peut être accueillant pour les affaires et offrir de fortes protections sociales". La France tient son rang, à la 31e place, derrière la Malaisie (24) ou l’Île Maurice (28) mais devant Sainte-Lucie (34). La dernière place est occupée par la République démocratique du Congo.
ÉTUDE DU COMMERCE "TRANSFRONTALIER"
Ce classement est établi à partir de dix domaines d’évaluation: création d’entreprise, octroi de licences, recrutement des salariés, transfert de propriété; etc.
L’un de ces domaines concerne le commerce "transfrontalier". Le sous-rapport consacré à chaque pays détaille comment les auteurs ont mesuré ce critère: il s’agit des coûts que doit supporter un chargeur ou réceptionnaire de taille moyenne, d’au moins 100 salariés, localisé dans la banlieue de la ville la plus peuplée du pays et détenu par des intérêts privés nationaux. Les produits à transporter par mer sont manufacturés et "légaux". Ils voyagent en 20’ dry FCL/CL. Le fret maritime n’est pas pris en compte. Sans explication, les boîtes embarquant ou débarquant via un port allemand, belge, français ou néerlandais ont pour destination ou origine Belize.
Les résultats figurant dans les rapports ne sont pas commentés. Et pourtant il y aurait matière. Comment en effet ne pas être surpris de lire que la préparation des documents d’exportation coûte en Belgique 350 $ ou que la douane export est facturée 250 $? La ville belge la plus peuplée est Anvers. Il est donc "normal" vu de Washington qu’un 20’ expédié depuis la banlieue anversoise paie plus que son homologue qui doit être empoté en région parisienne. On comprend mieux à la lecture de ces données perfectibles que l’Allemagne soit le 2e plus grand exportateur mondial: le pré-acheminement d’un 20’ à positionner dans la banlieue de Berlin ne coûtant que 425 $. Une lecture au premier degré de ces données permet d’imaginer que Rotterdam et Anvers sont des ports d’intérêt régional.
1 600 US$ de mise en FOB à Anvers pour un 20’ et 500 $ pour un 40’!
Dans son effort de faire émerger les meilleures pratiques, la Banque mondiale diffuse depuis début novembre une étude sur les performances logistiques de transport de 178 pays (JMM du 23-11-2007, p. 6). Dans l’étude “Connecting To Compete; Trade Logistics in the Global Economy; The Logistics Performance Index and its Indicators”, il ressort que le coût de transport et des services portuaires pour l’exportation d’un 40’ standard est de 806 US$ en Allemagne, 500 $ en Belgique, 1 189 $ en France et 298 $ aux Pays-Bas. À l’importation, les données diffusées sont les mêmes sauf pour les Pays-Bas qui “facturent” 364 $ le 40’.
Des chiffres qui divergent plus que de raison avec ceux diffusés dans l’étude “Doing Business” (voir tableau page 8). Alors même si cette dernière a des limites, comme il est précisé, il n’empêche pas moins que ces rapports sont largement diffusés tout en laissant penser qu’un “benchmarking” des travaux de la Banque mondiale pourrait être justifié.
M.N.