"Nous voulons investir à l’étranger", a déclaré Hans Smits, président de l’Autorité portuaire de Rotterdam, lors d’une visite début novembre au port chinois de Tianjin. Ainsi, une somme de 170 M€ est déjà destinée au développement du port de Sohar dans le Sultanat d’Oman qui, pour le gérer, a constitué une coentreprise avec le port de Rotterdam. Vers la fin de l’année, le groupe minier brésilien Companhia Vale do Rio Doce (CVRD) compte en effet investir 1 Md$ (683,19 M€) à Sohar dans une usine de traitement du minerai de fer d’une capacité de 7,5 Mt. Le port de Rotterdam s’intéresse aussi à l’Inde, laisse entendre Hans Smits: "Nous resterons dans notre domaine et notre compétence de base. Nous n’allons pas investir dans les terminaux eux-mêmes. […] Nous sommes très bons pour les grands plans de conception et d’exploitation des ports, sans pour autant être Dubaï."
EXPANSION ET ENVIRONNEMENT
"Dans sept à neuf ans, il faudra doubler la capacité en conteneurs de plusieurs ports européens", ajoute Hans Smits qui estime que ce trafic progresse de 10 à 15 % par an, tiré par les échanges avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud. L’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique accélèrent la construction d’infrastructures. De plus, le trafic de barges sur la Seine progresse en même temps que la capacité du port du Havre. "De plus en plus en Europe, il apparaît nécessaire d’accélérer le processus de décision, d’investir davantage dans les infrastructures et de faciliter la croissance du transport de marchandises vers et hors d’Europe", souligne-t-il, en précisant que des approbations plus rapides ne signifient pas que les ports ne seront plus responsables des dommages à l’environnement.
Le port de Rotterdam, grand centre de transit pour le pétrole, le charbon, les céréales et autres produits, traite environ 35 % du trafic européen de fret. Il compte acquérir des espaces verts à Rotterdam même et le long de la côte, afin d’atténuer l’impact de ses travaux de poldérisation pour le futur Maasvlakte 2 qui doivent commencer l’an prochain. Pour contribuer à leur financement, l’État néerlandais a pris une participation de 500 M€ dans le capital du port. Le projet Maasvlakte 2, chiffré à 2,8 Md€, incitera d’autres entreprises à venir investir de 6 à 10 Md€ dans le port de Rotterdam. Ainsi, la compagnie pétrolière Royal Dutch Shell va dépenser 1 Md€ pour moderniser sa raffinerie. Sont aussi prévues des usines de biocarburants capables de produire 2 Mt par an de biodiesel et de bioéthanol. Enfin, de nouvelles centrales électriques fonctionneront à la biomasse, mais aussi…au charbon!
Meilleures infrastructures européennes
Le Forum économique mondial classe Rotterdam en tête des ports européens en termes d’infrastructures. Telle est la conclusion de son rapport 2007-2008 sur la compétitivité mondiale qui, au niveau mondial, place Rotterdam à la deuxième place derrière Singapour et devant Hong Kong. L’Autorité portuaire de Rotterdam attribue ces performances à ses gros investissements au cours des quinze dernières années dans les voies ferrées (liaison Betuwe avec l’Allemagne), les routes et les terminaux (Maasvlakte, Waalhaven et Eemshaven). Les entreprises privées investissent aussi des milliards d’euros dans de nouveaux terminaux et activités industrielles. L’État, le port et les entreprises privées auront dépensé plus de 10 Md€ dans les infrastructures entre 2006 et 2013, hors Maasvlakte 2. À lui seul, ce projet coûtera environ 3 Md€.
M.d.J.