Alors que depuis plus d’un an, Euroméditerranée, présidé par Renaud Muselier, 1er adjoint de la municipalité marseillaise, qui conduit un vaste programme de rénovation urbaine entre la Joliette et Arenc, ferraille avec le Port autonome de Marseille (PAM) pour remonter le long du port, voire empiéter sur le front de mer, le projet du sénateur-maire de Marseille semble instituer une ligne de partage. Il propose ainsi de rapprocher les croisières du Vieux-port en créant un avant-port et une nouvelle digue à l’aplomb de la Joliette pour accueillir les paquebots géants et son futur million de croisiéristes
Le schéma proposé, qui comporte également la réalisation d’un nouveau port de plaisance de 2 000 anneaux et d’une Cité de la science à l’Estaque, d’un palais des congrès sur le môle d’Arenc, n’a pas été chiffré. L’opposition, PS et PCF, qui accuse le maire de promesses électorales sans lendemain, demande où trouver le milliard d’euros nécessaire.
Sans se prononcer sur la faisabilité d’un plan à l‘ambition pharaonique, les professionnels portuaires ont, quant à eux, apprécié de connaître "la vision politique sur les bassins Est", comme l’explique Marc Reverchon, président de l’UMF. "À partir de là, on peut faire avancer les choses. Ce schéma sort des positions caricaturales et montre que peuvent être menés de front le développement économique et commercial du port et les exigences urbaines", souligne avec un évident soulagement le responsable de la communauté. Le projet de Jean-Claude Gaudin semble au moins offrir un compromis politique entre la pression urbaine et touristique exercée par Euroméditerranée et le secteur croisière, et l’activité industrielle du port. "À partir du silo d’Arenc, la mairie nous laisse tranquille", résume un professionnel du port.
Un tel projet avait été avancé en 1999 par Éric Brassard, à l’époque directeur général du PAM. Une étude avait même été financée sans que ses résultats en soient communiqués.
