Il y a eu 198 actes de piraterie dans le monde au cours des trois premiers trimestres, contre 174 un an auparavant. Selon l’International Maritime Bureau (IMB) de la Chambre internationale de commerce basée à Londres, des pirates ont détourné 15 navires. Ils ont pris 172 navigants en otage, en ont enlevé 63 contre rançon, en ont blessé 21 et en ont tué 3. Dans 51 cas, ils ont utilisé des armes à feu et dans 47 cas des couteaux. Les attaques (22) contre les vraquiers ont diminué (− 17), de même que celles (39) contre les porte-conteneurs (− 2).
L’AFRIQUE: TOUJOURS À RISQUES
Trois pays d’Afrique constituent des théâtres récurrents de piraterie: la Somalie, le Nigeria et la Tanzanie.
La côte somalienne reste la plus dangereuse avec 26 attaques, dont 9 détournements et 85 navigants pris en otage, soit l’un de bilans les plus lourds constatés en Afrique de l’Est. L’IMB recommande de naviguer à plus de 200 milles de la côte somalienne et rappelle qu’il n’y a aucune aide à attendre des autorités somaliennes en cas de détournement dans les eaux territoriales du pays.
L’OMI a proposé à ses membres de demander au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon de soumettre la question au Conseil de sécurité, qui sera en mesure de demander au gouvernement fédéral transitoire de Somalie de prendre des mesures de prévention contre la piraterie et les attaques à main armée contre les navires marchands. Ce dernier pourrait notamment autoriser les bâtiments militaires étrangers présents en océan Indien à pénétrer éventuellement dans les eaux territoriales.
La piraterie à proximité de la côte nigériane est en hausse: 26 attaques en neuf mois, contre 9 un an auparavant. Le gouvernement a mis sur pied une force navale pour protéger les eaux territoriales, notamment contre la piraterie et le sabotage. La Tanzanie a connu neuf attaques contre quatre il y a un an. Les pirates interviennent en mer et ouvrent de force les conteneurs sur le pont des navires.
LE DÉTROIT DE MALACCA: BIEN PROTÉGÉ
Son importance stratégique permet au détroit de Malacca de bénéficier d’une attention internationale soutenue. La sûreté est assurée par les trois États riverains: Malaisie, Singapour et Indonésie. Celle-ci a refusé la présence physique de bâtiments ou d’aéronefs de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon, qui avaient proposé leur aide. "Leur assistance se limite aux aspects techniques", a déclaré récemment son ministre de la Défense Juwono Sudarsono. En outre, l’Indonésie exclut toute escorte de navires marchands dans ses eaux territoriales par des bâtiments de Singapour ou d’autres pays.
De son côté, la Thaïlande est prête à effectuer des patrouilles conjointes avec les forces des trois États riverains pour la prévention de la piraterie et du terrorisme maritime, a indiqué son Premier ministre Surayud Chulamont sans préciser de date.
La sécurité du déroit de Malacca à l’OMI
L’OMI a organisé, à Singapour début septembre, une réunion internationale sur la “protection des voies maritimes vitales” à laquelle ont participé 200 délégués d’une cinquantaine de pays et d’une douzaine d’organisations maritimes dont la Chambre internationale de l’armement, le BIMCO et Intertanko. Son secrétaire général, Efthimios Mitropoulos, a demandé aux usagers du détroit de Malacca de s’engager sur un budget annuel de 3 à 4 Md$ ( 2,11 à 2,82 Md€) par an pour accroître la sécurité de la navigation et la protection de l’environnement. Un “mécanisme de coopération” va notamment gérer ces contributions de façon durable. En outre, six projets avaient été précédemment proposés à Kuala Lumpur: enlèvements d’épaves; constitution d’une capacité d’intervention en cas d’incidents dangereux; expérimentation de transpondeurs d’identification automatique (AIS) sur les petits navires; développement d’un système de gestion de marées, courants et vents; établissement d’un fonds sur une base volontaire pour le remplacement et l’entretien des aides à la navigation; remplacement des équipements détruits par le tsunami de 2004. L’Australie, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis, le Japon, la Chine et les États-Unis se sont engagés à participer au financement de ces projets. Actuellement, les trois États riverains du détroit de Malacca en assurent la sécurité de navigation et la protection de l’environnement. Cependant, le Japon est le seul grand usager à avoir fourni et entretenu des phares et balises, correspondant à une assistance financière de 150 M$ (105 M€) au cours des 35 dernières années.