Réforme(s) des ports autonomes: oui, mais…

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Si tous les présents ou représentés se disaient totalement d’accord avec les objectifs – faire gagner des parts de marchés aux ports et augmenter la fiabilité –, les voies et moyens d’y arriver sont pluriels. Ils nécessitent une préparation minutieuse ainsi qu’une concertation avec les syndicats des personnels des PA.

Selon le modèle portuaire le plus général en Europe, tout le monde se disait d’accord pour que soient bien séparées les fonctions régaliennes de l’autorité portuaire des fonctions commerciales. Ces dernières concernent principalement l’outillage public, très souvent déficitaire, avec les portiqueurs et les agents de maintenance. Elles doivent être "professionnalisées" pour reprendre la suggestion de Jean Chapon, ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussées.

L’État se recentrerait donc sur le régalien et sur son rôle d’aménageur d’espace. Tout va donc bien jusque-là. Sauf que très vite, Michel Quimbert, président de l’UPACCIM (Union des ports autonomes et des CCI maritimes) soulignait les nombreuses difficultés qui doivent être résolues avant le "grand" jour. Ces dernières ont été détaillées par écrit au ministre Jean-Louis Borloo ainsi qu’à son secrétaire d’État, Dominique Bussereau, le 20 septembre.

RÉFORME DE L’OUTILLAGE TOUTE EN NUANCE

Notant que les objectifs et les modalités de la réforme annoncée par le président de la République ne lui ont pas été encore présentés, l’UPACCIM estime que:

• la réforme doit être mise en œuvre dans tous les PA, "mais selon des modalités qui pourraient être adaptées" à chacun d’eux "pour tenir compte de leurs spécificités";

• la réforme de l’outillage est "l’enjeu prioritaire" pour la compétitivité des ports maritimes, l’amélioration de leur performance et le développement des investissements. Elle doit "nécessairement s’inscrire dans une ambition plus globale de relance des ports français, affirmée et fortement soutenue par l’État": respect par celui-ci de ses obligations en matière d’entretien des accès nautiques, politique volontariste d’investissement public et privé, plan de développement des pré et post-acheminements etc.

L’objectif de transfert de la "totalité" de l’outillage et des personnels d’exploitation et de maintenance vers les entreprises de manutention et de service "doit être mis en œuvre en considération des sujétions particulières à chaque port". La gestion d’outillages par des filiales de PA devrait avoir un caractère "subsidiaire et transitoire et répondre aux besoins de l’économie régionale". De même, les PA pourraient être autorisés à prendre des participations dans des sociétés de manutention "mais sans préjudice du respect des règles de concurrence". Enfin compte tenu des conséquences "substantielles" pour les salariés des PA de cette réforme, un soin "tout particulier devra être apporté à l’accompagnement social du projet".

GOUVERNANCE: LA RÉFORME PEUT ATTENDRE

Toujours très prudent, le président de l’UPACCIM rappelle qu’une évolution de la gouvernance, notamment la clarification du rôle de l’État (tutelle et actionnaire) et des collectivités territoriales, pourrait "contribuer aussi à l’amélioration de la performance des ports; mais cette réforme ne doit en aucun cas retarder la mise en œuvre de celle de l’outillage qui apparaît à l’évidence essentielle". Pour mener à bien cette dernière, la "cohésion des places portuaires est une condition importante". Or la modification de l’équilibre des pouvoirs au sein des structures de gouvernance est une opération "complexe qui pourrait entraîner une réaction négative de certains partenaires des places portuaires au moment où s’engage une réforme particulièrement difficile au plan social. Dès lors, il y a lieu d’organiser la concertation utile à une adhésion des places à un tel projet". L’UPACCIM est prête à participer à toute réflexion "préliminaire" avec l’État et les autres acteurs concernés notamment les organisations professionnelles et syndicales représentatives. Cela sera-t-il bien nécessaire? À la lecture d’un tel courrier, peut-on raisonnablement parier qu’un gouvernement prendra, une nouvelle fois, le risque de se lancer dans une bataille portuaire? Les propos plus que nuancés de Pierre Aïm, alors p.-d.g. et principal actionnaire de Saga ou de Vincent Bolloré, SDV, sur le réel besoin de réformer le travail portuaire en 1992 ont laissé des souvenirs; le projet de loi d’orientation portuaire, aussi.

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