Lors du colloque de l’Union nationale des industries de la manutention (Unim), il n’a pas été question de retracer l’histoire de l’organisation, mais plutôt de parler d’avenir. En la matière, l’avenir de l’organisation patronale va être étroitement lié à la probable réforme du statut des ports autonomes. Claude Gressier, rédacteur d’un rapport dont la publication est attendue de tous, est venu rappeler que le président de la République, Nicolas Sarkozy, a clairement donné son point de vue sur la question, lors de l’inauguration du terminal S3 de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. "Les choses doivent avancer", a soutenu Claude Gressier. Et parlant de la réforme, il a souligné qu’elle devait se préparer en symbiose avec les acteurs concernés. Jean-Paul Ourliac, directeur des transports maritimes, routiers et fluviaux a présenté le message de Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux transports: "Les ports étrangers voient passer davantage de nos trafics que nos ports." Souhaitant que les trafics reviennent dans les ports français, il a rappelé que pour "réussir il faut se donner une ambition. Elle passe par une réforme pour redonner une compétitivité aux opérations portuaires".
Du côté des manutentionnaires, le président de l’Unim, Christian Paschetta a rappelé qu’au cours des années passées, l’organisation patronale a "su apporter des réponses et prendre des initiatives pour suggérer des solutions". Avec la croissance actuelle des trafics dans les ports, le président de l’Unim demande que l’occasion soit saisie."Cet avantage de la croissance des trafics devrait générer la transition. Je ne suis pas sûr que nous retrouvions une telle opportunité à vue d’homme."
PLUS D’AUTONOMIE POUR LES PORTS
Toutes les conditions sont réunies pour passer aux actes: une volonté politique clairement exprimée, une situation économique favorable et une symbiose des acteurs. Olivier Marceron, directeur général de Sea Invest France, premier manutentionnaire de vracs sur les quais français, a demandé que soit passée la vitesse supérieure. "Il reste beaucoup de choses à faire. La population des dockers français ne nous embête pas trop. Nous devons bâtir une réforme tous ensemble pour faire avancer les choses."
Un sentiment partagé par les chargeurs. Pierre Karsenti, président de la commission maritime de l’AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret), a exprimé son désir de voir "le paysage portuaire changer. Les sociétés commerciales doivent être responsables de leur troupe et se charger du commercial. Il faut laisser à l’État ses prérogatives". Le débat est de nouveau posé: la dualité dockers et grutiers doit être gommé et les autorités portuaires ne doivent pas interférer dans les activités commerciales des ports. Les commissionnaires ont enfoncé le clou par la voix de leur président, Alain Bréau. "Il ne faut pas que la France soit doublement perdante dans la délocalisation, une fois par le départ des usines et une fois par le passage portuaire dans un autre établissement." Alors pour "faire avancer les choses", les ports apportent leur concours. Bruno Vergobbi, délégué général de l’Upaccim (Union des ports autonomes et des CCI), a souligné la nécessité de s’adapter. "Le problème est d’abord culturel. Le changement demandera beaucoup d’accompagnement." Et le délégué général de regarder ce qui se passe ailleurs en Europe quand les autorités portuaires ont vu leur autonomie accroître. Il souhaite que les ports français prennent exemple ailleurs pour copier ce qui a marché. Diego Teurlinckx, secrétaire général de la Feport (Fédération européenne des opérateurs portuaires), a posé un enjeu majeur pour réussir la réforme: le dialogue social. "Il est bien développé en France, à l’image de ce qui a été fait avec les standards de qualification."
Ainsi, si toutes les conditions sont réunies pour réussir aujourd’hui une réforme portuaire, il ne manque qu’une chose: passer de la volonté politique aux actes. Il appartient uniquement au gouvernement de franchir ce pas, tous les acteurs portuaires sont dans les starting-blocks.