L’arrivée du groupe CMA CGM en Afrique remonte à 2001, lorsque l’armement prend position sur les lignes entre l’Asie et l’Afrique de l’Ouest. "Après ce premier pas, nous avons ressenti le besoin d’aller plus loin. C’est dans cette optique que s’inscrit le rachat, en 2005, des activités lignes maritimes du groupe Bolloré", explique Alain Wils, directeur général de CMA CGM. Delmas et les autres compagnies du groupe Bolloré (Otal et Setramar) ont apporté des compétences et des parts de marché sur l’Afrique de l’ouest, reconnaît le directeur général de CMA CGM.
En 2006, le groupe marseillais a ouvert un réseau d’agences locales avec une particularité: le back-office est fait en commun, mais le commercial est séparé. "Au total, nous avons ouvert dix agences sur la Côte occidentale d’Afrique", indique Alain Wils. Et la CMA CGM prévoit d’en ouvrir encore deux dans les prochaines semaines sur le même principe d’un back-office commun et d’une séparation des actions commerciales. Au total, le groupe dispose d’une force de 500 personnes, toutes fonctions confondues, sur la COA, "ce qui nous a permis de gagner 20 % de parts de marché en plus sur les lignes Delmas et CMA CGM", note le directeur général.
DE LA MANUTENTION À LA LOGISTIQUE
Le groupe n’a pas limité sa présence aux seuls aspects maritimes. Il s’intéresse aux applications terrestres du transport, et notamment à la manutention portuaire. "Nous avons un accord avec le groupe Bolloré qui remonte au rachat des activités de transport maritime. Cette entente prévoit que nous utilisions les services des sociétés du groupe Bolloré dans les ports où elles sont implantées." CMA CGM souhaite aussi s’impliquer dans le développement des aspects logistiques du pays. Intéressé par toutes les opportunités, le groupe répond, seul ou en partenariat avec d’autres sociétés, à des appels d’offre sur la manutention portuaire. Le groupe est déjà présent localement au travers de sa participation dans le terminal de Lomé (Togo). S’il est parfois évincé de certains appels d’offres, il maintient une stratégie marketing forte. "Delmas est profondément ancré dans certains pays francophones. Otal a une présence importante dans les contrées anglophones. Nous avons donc fait le choix de conserver chaque marque commerciale", relève Alain Wils.
UNE FLOTTE RENOUVELÉE, UNE CONDITION DU SUCCÈS
Fort de ces premiers succès commerciaux sur la COA, le groupe continue d’innover. La prochaine nouveauté viendra du renouvellement de la flotte de navires qui desservent cette région. Aujourd’hui, le groupe investit dans des navires d’un port en lourd supérieur pour un tirant d’eau de 12 m. Emporter plus de conteneurs chargés sans augmenter le tirant d’eau, c’est le défi relevé par ces nouveaux navires qui auront une capacité de 2 500 EVP. "Ils formeront la colonne vertébrale des services", souligne le directeur général du groupe. Et pour continuer à progresser, le groupe maintient sa présence tous azimuts. Récemment, les services Asie/COA ont été renforcés et sont désormais au nombre de trois (Afex, Asaf et Wax), chacun avec sa particularité. D’Europe et de Méditerranée, le groupe voudrait parvenir à améliorer la fréquence pour aligner des services hebdomadaires quand aujourd’hui certains sont encore bimensuels. La conteneurisation à outrance touche aussi le continent africain, mais le groupe CMA CGM maintient les services conventionnels et rouliers. "Chacun a sa raison d’être et continue d’opérer", rappelle Alain Wils.
Cette stratégie du groupe de progresser sur cette partie du continent souffre quand même d’un mal chronique, la faiblesse des taux de fret. "Ils demeurent à des niveaux trop bas", regrette le directeur général, et ceci, malgré des hausses récentes. L’entrée sur le marché de nouveaux opérateurs, à l’image de China Shipping Container Lines avec une politique tarifaire de baisse a contribué à la détérioration des taux de fret. "Nous considérons que le marché africain représente un potentiel de développement avec une croissance moyenne annuelle de 15 %. Nous voulons y être présents."