Fortement tributaires de l’activité du site industriel de Peugeot à Mulhouse, ainsi que des cours des céréales et des produits pétroliers, les ports de Mulhouse-Rhin (Ottmarsheim, Île Napoléon et Huningue) ont enregistré une baisse de 5,9 % de leurs trafics au premier semestre 2007. Les mouvements de produits pétroliers ont diminué de 16,7 %, car "avec la remontée des prix, nos stockeurs ont laissé descendre leurs réserves sans se réapprovisionner. On observe le même phénomène dans les ports de Bâle", commente Isabelle Tesolin, chargée de la communication du port. Le trafic de produits céréaliers – très sensible aux variations de cours – est également en baisse de 12,4 %.
Par ailleurs, "Peugeot n’a pas entamé les développements espérés en Chine. Pour les autres gros marchés comme l’Iran, l’intégration locale s’est substituée au CKD (expédition de kits préparant l’assemblage d’un véhicule)". Le trafic de machines et d’objets manufacturés poursuit donc la baisse entamée en 2005 au premier semestre (− 16,4 %). Ces produits, qui représentent la quasi-totalité du trafic conteneur à Mulhouse, font logiquement chuter les échanges de 20 et 40′. En revanche, les minéraux sortent leur épingle du jeu avec une hausse de 4,1 %.
Afin d’encourager le report modal du routier vers le fluvial, les ports de Mulhouse poursuivent leur lobbying auprès des chargeurs. Cependant, l’obstacle du transit time à l’import (72 h contre 48 h à l’export) demeure difficile à surmonter.
À Strasbourg, les deux principaux trafics du port autonome – produits pétroliers et graviers – sont restés stables au premier semestre. Le transport de déchets métallurgiques affiche une belle progression de 73,8 % en raison du doublement de capacité de l’un des deux chantiers de métaux ferreux du port. Le trafic de céréales est en baisse (− 14,2 %), une fluctuation que Jean-Marc Uhrweiller, chef du service commercial, par une part de rétention en raison de moins bonnes récoltes qu’en 2006". Le trafic conteneur demeure lui aussi stable, tandis que le nombre de conteneurs ferroviaires a quasiment doublé (+ 91,9 %) atteignant 12 224 EVP grâce à l’ouverture mi-2006 de deux lignes: l’une vers Anvers, l’autre vers Le Havre. La progression devrait se poursuivre au 2e semestre avec la mise en place d’une troisième navette hebdomadaire sur chacune de ces deux lignes.
BAISSE DES TRAFICS ÉNERGÉTIQUES
Benjamin des ports alsaciens, le port rhénan de Colmar (212 500 t en 2006) affiche une progression de 26,7 % de ses trafics de vracs au premier semestre. Un résultat que Jean Jacquey, directeur du port, explique notamment par l’absence de période de basses eaux sur le Rhin en 2007. Par ailleurs, "le port de Colmar a gagné un nouveau trafic de sables pour une gravière, ainsi qu’un trafic de bois en raison de la tempête qui a sévi en début d’année dans le nord de l’Allemagne". De plus, la société Alcan, client majeur du port, privilégie actuellement le fluvial au fer pour ses approvisionnements en aluminium (+ 28,8 %).
Les trois ports de Moselle (Nouveau port de Metz, port de Metz-Mazerolle et le port de Thionville-Illange) affichent des résultats contrastés. Le port d’Illange enregistre "une chute lourde de son principal trafic: le charbon", selon les mots de Robert Loboda, chef du service équipements et infrastructures à la CCI de Moselle. En effet, "la mise en service d’un ponton à la centrale thermique de La Maxe en mars 2007 permet désormais des approvisionnements en direct". En deux ans, le trafic est passé de 2 Mt à 300 000 t (estimation pour 2007). Les matériaux de construction deviennent donc le premier trafic du port, tandis que les produits sidérurgiques enregistrent une forte progression "dans un contexte économique général très favorable". La société Camifemo, filiale de la CCI de Moselle qui gère le port de Thionville-Illange va lancer une étude pour élaborer une stratégie à moyen terme pour développer le port. Le nouveau port de Metz – première plateforme céréalière de France – subit quant à lui "l’impact de mauvaises moissons dues aux conditions météorologiques" et enregistre une légère baisse de ses tonnages. Enfin, le port de Metz-Mazerolle dont le trafic demeure stable (319 000 t) a gagné un nouveau trafic: les pellets, des granulés de bois destinés au chauffage collectif.
Sur la Moselle également, le port de Nancy-Frouard (1,7 Mt en 2006) subit "une forte baisse des importations de produits vrac en général et de combustibles en particulier. Cette baisse est en partie imputable à l’hiver très doux et à la perte d’un important marché au bénéfice du fer", explique Paul-André Bauer, chef d’exploitation de la société Nancyport. Du côté des exportations céréalières, le 1er semestre est semblable à 2006, mais l’Union des coopératives agricoles qui gère deux silos (330 000 t au total) sur le port de Frouard s’attend à une importante baisse "en raison de récoltes de 15 à 20 % moins importantes en Lorraine et en France cette année”, remarque René Belissent, directeur d’exploitation des silos.