Confirmé depuis le début de l’année, le redressement enregistré en 2006 (JMM 6-07-2007, p. 4) permet d’envisager la commande d’un nouveau ferry, a expliqué Eudes Riblier. D’ici à la fin juillet, les préconsultations avec les banques susceptibles de participer à son financement devraient être terminées. Il en est de même des spécifications détaillées fret et passagers du ferry afin d’obtenir une offre des chantiers pour l’automne avec une livraison en 2010.
Comme la concentration des chantiers en Europe enthousiasme modérément Eudes Riblier, il est possible que les chantiers asiatiques soient invités à s’intéresser au projet. Si ce navire se construit, sa livraison devrait déclencher la sortie de flotte du Manet. À plus long terme, se posera également la question du remplacement du Nord-Pas-de-Calais (1987), un pur fréteur. Compte tenu de l’augmentation prévisible de la demande de transport de la part des camions, d’ici à 15 ou 20 ans, il y aura de la place pour un roulier. Très nuancé, Eudes Riblier estime qu’au mieux une éventuelle "autoroute de la mer" Atlantique/Manche ne ferait que ralentir la croissance du transport routier de marchandises. Toujours est-il que SeaFrance concentre son ambition sur Calais/Douvres où elle souhaite être la meilleure.
Sujet moins consensuel: les 13 M€ que demande la compagnie à la CCI de Calais, concessionnaire du port, en dédommagement du manque à gagner résultant du "chaos" entraîné par l’effondrement de la passerelle inférieure du poste 7 en février 2005. Eudes Riblier regrette "l’absence de toute attitude d’ouverture" de la part de la CCI. En clair, on ne transige pas, on attend une décision de justice.
REMBOURSEZ LES IMPÔTS DE NOS NAVIGANTS!
En sa qualité d’employeur et de président d’Armateurs de France, Eudes Riblier poursuit un rêve depuis plusieurs années: obtenir des pouvoirs publics français ce que la Commission européenne autorise à tous les États membres: le salaire net. En clair, toutes les charges patronales sont exonérées et l’impôt sur le revenu (IR) des navigants est reversé à l’employeur. Dans des pays comme l’Allemagne où l’IR est prélevé à la source et conservé par l’armateur, cela est peu "visible", mais imaginer qu’en France, sur une base régulière, le Trésor va reverser à leur employeur l’IR des navigants (inscrits maritimes) de la BAI, de SeaFrance, de la SNCM, ou des opérateurs de vedettes à passagers (susceptibles d’être concurrencés par un homologue britannique), voilà qui paraît audacieux. Mais "de l’audace, de l’audace, et toujours de l’audace" pourrait être une belle devise armatoriale.
LE COMMANDANT ET SON SUPPLÉANT "PROTÉGÉS" PAR L’ENIM
L’abolition du privilège de la nationalité exigée par la Commission européenne pour tous les types de registres communautaires ne semble pas inquiéter Eudes Riblier. Car depuis février dernier, l’affaire semble avoir été discrètement réglée. En effet, le Conseil supérieur de la Marine marchande a donné son accord au projet de loi selon lequel le poste de commandant, ou de son suppléant, est ouvert à tout citoyen de l’UE. Mais tout navigant employé directement par une compagnie française doit être obligatoirement inscrit à l’Enim. Or quel officier estonien ou allemand, même francophone, acceptera de cotiser quelques années à l’Enim en étant sûr de ne rien recevoir, sa retraite venue? Le diable est dans les détails.