À la différence des autres rapports, ceux établis par les groupes synergies du Cluster maritime français (CMF) apportent de nombreuses choses novatrices", a commencé le président du CMF, Francis Vallat, pour présenter les trois rapports issus des groupes de travail. Le premier a trait à la création d’un fonds d’investissement marin. Dissocié du Cluster, ce fonds associe des intérêts maritimes et financiers. Géré par Ace Management, il axe sa stratégie vers sept marchés:
• l’exploitation des ressources marines;
• le transport de marchandises et de personnes;
• les constructions navales;
• le nautisme;
• les activités portuaires;
• l’action de l’État en mer;
• l’environnement et le génie côtier.
Ce fonds s’intéresse à des projets en France, mais pouvant provenir de sociétés étrangères. Les premiers investissements sont prévus d’être levé dans le courant de l’été. "Nous attendons de 15 à 20 M€ pour le premier clausing", a expliqué Thierry Letailleur, responsable de gestion d’Ace Management qui table sur des assureurs, des financiers et des industriels pour alimenter cette ouverture. Le ticket d’entrée du fond est établi à 500 K€. "Les souscripteurs qui ne peuvent réunir la somme suffisante au ticket d’entrée ont la possibilité de se constituer en groupe", a indiqué le responsable d’Ace Management. La sélection des dossiers se fera ensuite par un comité de pôle réunissant des personnalités indépendantes des candidats. À la suite de cette première levée de fonds, d’autres appels se feront en 2008 pour arriver, à terme, à obtenir une enveloppe globale de 50 M€. D’ores et déjà, plusieurs projets ont été déposés. Ils concernent la localisation sous-marine pour la recherche pétrolière, la simulation, la sécurité en mer et un drone de surveillance aérienne et sous-marine. "Avec un rendement brut de 20 %, ce fonds a mis en évidence un genre de solidarité d’intérêt du secteur", a souligné Thierry Letailleur.
COOPÉRATION RENFORCÉE ENTRE LES DEUX MARINES
Second rapport présenté par les groupes de travail du CMF, une meilleure coopération entre la Marine nationale et la marine marchande. L’amiral Gérard Valin a rappelé le constat dressé par le groupe de travail. "Dans le nouvel environnement caractérisé par l’accroissement des enjeux sécuritaires et un contexte budgétaire contraint, une perspective de renouvellement de la coopération entre les deux marines se fait jour", a expliqué l’amiral. Et Francis Vallat d’ajouter que les propositions de ce groupe ont le mérite d’être concrètes et de pouvoir se faire sans engagement financier. Quatre axes principaux doivent permettre de rétablir le lien entre les deux marines:
• Partage de l’information: réactiver une procédure d’échange d’informations avec un point focal de centralisation, éditer un guide et former les commandants et seconds pour donner des renseignements régulièrement actualisés.
• Transport maritime au profit de la Défense nationale: le groupe de travail préconise de "corriger" les imperfections du code des marchés publics pour que les appels d’offre de la Défense trouvent un plus grand attrait. "Aujourd’hui, des clauses dans ce code peuvent s’avérer irrecevables pour un banquier. Nous devons donc redéfinir une synergie entre l’appel d’offres et les exigences du marché pour redéfinir ce code avec, par exemple, des financements par partenariat public/privé", a indiqué l’amiral.
• Emploi des réservistes: la Marine nationale a besoin de réservistes. Il convient alors de remettre en place une liste des personnels disponibles ce qui suppose un volontariat de la part du personnel, mais aussi pour les armements.
• L’adaptation des navires marchands aux besoins de la défense: entreprendre des adaptations dès la construction d’un navire permet de réduire la facture plutôt que de prévoir des adaptations sur un navire âgé. Et l’amiral Gérard Valin de citer l’exemple des produits dangereux. "Réfléchir dès la construction à un navire qui puisse embarquer des marchandises dangereuses en espace couvert coût environ 50 000 € à 70 000 € lorsqu’il est prévu à la construction initiale. Le prix peut être multiplié par dix quand il s’agit d’adapter un navire ancien. Le même ratio s’applique quand un navire roulier doit renforcer ses sols pour prendre des chars dont le poids au sol est supérieur aux matériels aujourd’hui embarqué."
L’ENSEIGNEMENT MARITIME REMIS EN CAUSE
Le troisième rapport présenté à l’occasion de cette conférence de presse a porté sur une académie universitaire maritime. "Le secteur maritime demande que le système actuel soit réformé", a commencé Francis Vallat dans son introduction à ce rapport. L’enseignement maritime ne répond pas aux cinq principes directeurs auquel doit répondre l’enseignement supérieur: une identité, une autonomie, une personnalité, un gouvernement et une taille critique. De plus, le secteur est face à un déficit de compétence qui touche toute la filière. "Pour faire face à ce déficit, la profession est demanderesse d’une politique ambitieuse", a rappelé Francis Vallat. Ce rapport préconise la concentration de l’enseignement maritime sur un ou deux sites. Les autres verraient leur vocation changer ou se fermer. Cette Académie universitaire maritime enseignerait toutes les matières. "Il s’agirait d’une formation à la carte, reconnue, lisible et crédible", a ajouté Francis Vallat. Ce système doit aussi prévoir le maintien de sites de proximité pour permettre aux marins de suivre une formation continue. Le projet prend aussi en compte le corps professoral. À côté des professeurs d’enseignement maritime permanents, le rapport du CMF préconise la création d’un corps de professionnel du maritime.
Enfin, s’agissant du fonctionnement de cette académie, le CMF imagine que cette académie fonctionne avec d’une part les aides de l’État, mais aussi une implication plus grande du secteur.
Ces différents rapports ont été présentés, dès le 5 juillet au secrétaire d’État aux transports, Dominique Bussereau, par le président du CMF.