Au cours du premier conseil portuaire réuni le 4 mai sous sa présidence, Daniel Percheron a donné le départ de principe de Calais 2015. Départ de principe, car il reste bien des étapes à franchir: la saisine de la Commission nationale du débat public est obligatoire pour un projet de cette taille, l’avant-projet sommaire reste à réaliser. Mais les grandes options proposées au débat sont claires. Elles font suite à quatre années d’études préliminaires économiques, écologiques, géomorphologiques et techniques.
Pour 400 M€, la région et la CCI se proposent de bâtir un nouvel avant-port sur 1 800 m de côte, à l’est de la passe actuelle. Le projet comprend une jetée nord de 2 500 m et une contre-jetée de 1 600 m, ouvrant une passe de 240 m. Le bassin présente une largeur utile au droit des postes d’accostage de 600 à 700 m. Il s’ouvre directement sur le chenal naturel, ce qui limite les besoins de dragage. Ce dragage, à la cote minimale − 9 à − 10 m, produira 5,3 Mm3 de matériaux qui remblaieront le futur terre-plein. Celui-ci, contigu au terre-plein actuel nord du bassin Ravisse, offrira 67 ha d’extension.
Trois môles d’accostage en créneaux offriront chacun deux postes à quai accessibles à des ferries jusqu’à 230 m de long. Deux portes supplémentaires sont aménageables aux extrémités. Des abris sont prévus pour les remorqueurs le long de la contre-jetée. Un poste de croisière et d’attente sera aménagé à la naissance de la jetée principale à l’ouest du bassin. En première phase, il est prévu d’aménager quatre postes mixtes ferry/ro-ro, un poste ro-ro, et le poste croisière. La livraison de la première phase est prévue au mieux fin 2013, et au plus tard en 2015.
POUR LA ROUTE
Calais 2015 est justifié par la seule croissance du fret routier. Techniquement, car c’est le volume de semi-remorques qui détermine le besoin en espace, et l’exigence de fluidité du trafic. Économiquement, car c’est aussi le fret roulier qui fait vivre le port et les compagnies. De 1990 à 2006, le trafic routier de Calais a été multiplié par trois pour atteindre 1,8 million d’unités. La CCI envisage 2,5 à 2,7 millions de semi-remorques en 2020, soit 40 à 50 % de croissance du trafic. Le port de Douvres (2,6 millions d’unités routières en 2006), envisage une progression de 27 à 38 % d’ici 2020 et 50 à 73 % pour 2035.
En outre, le projet table sur la naissance d’une nouvelle génération de ferries. PO Ferries est autorisé par son actionnaire DP World à commander quatre nouveaux navires, dont deux pour la route courte. Au stade des études exploratoires, la compagnie britannique envisage des navires de 220 m de long. Même si cette hypothèse est encore loin d’être validée, c’est sur cette base que la CCI et son bureau d’études BCEOM (groupe Egis) ont réfléchi.
Quel financement?
La région et la CCI se tiennent à un devis de 400 M€.
L’essentiel du financement serait obtenu par un emprunt à long terme (30 à 45 ans) de la CCI, garanti par la région.
Cette dernière pourrait, en outre, prévoir une subvention selon ses moyens. L’Europe (il s’agit de continuité territoriale), l’État et éventuellement d’autres collectivités locales pourraient être sollicités, au total pour probablement moins de 20 %. La concession réalise un chiffre d’affaires transmanche de 70 M€ (chiffre de 2006) et dégage un cash-flow de 18 M€. Ces chiffres sont compatibles avec l’effort de remboursement d’emprunt envisagé.