Antifer se prépare à recevoir des méthaniers

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Antifer se prépare doucement à recevoir le futur terminal méthanier que prévoit de construire à l’horizon 2011-2012 le groupe énergétique français, Poweo. Ce terminal viendra ainsi s’ajouter, un peu plus de 30 ans après leur mise en service, aux installations pétrolières de ce port en eaux profondes construit au nord du Havre, à quelques encablures de la station balnéaire d’Etretat. Destiné à recevoir et traiter chaque année quelque 8 à 9 Mdm3 de gaz naturel, ce futur terminal doit se composer d’une partie stockage, mais aussi d’une usine. Elle sera chargée de remettre à l’état gazeux le gaz naturel qui sera transporté par mer à une température constante de − 163o. Vient ensuite un gazoduc, qui permettra, depuis l’usine d’Antifer, de rejoindre l’actuel réseau commercial du gaz, propriété de Gaz de France.

LES ALLEMANDS INTÈGRENT LE PROJET

Ce projet, lancé par le Port autonome du Havre, a été confié après un appel d’offres européen à un consortium formé du premier opérateur indépendant sur le marché de l’énergie, Poweo, et de la Compagnie industrielle et maritime (CIM), qui exploite déjà le terminal pétrolier d’Antifer, mais aussi celui du Havre. Initialement, début 2006, les deux sociétés détenaient, respectivement, deux tiers et un tiers du capital de l’entreprise créée en coentreprise, Gaz de Normandie, pour bâtir le terminal gazier. Tout début juin, un troisième partenaire, convaincu de l’intérêt économique du projet, a fait son entrée dans le tour de table. Il s’agit du groupe allemand E.on. Le capital se répartit désormais de la manière suivante: Poweo demeure légèrement majoritaire avec 50,33 % du capital, la CIM, 24,17 %, et la compagnie allemande, 24,5 %.

L’heure du premier coup de pioche à Antifer n’a pas sonné. Compte tenu de son niveau d’investissement – environ 500 M€ – le projet doit d’abord faire l’objet d’un débat public. Une commission particulière a été créée par la Commission nationale du débat public (CNDP). Comme cela avait été le cas en 1999 pour Port 2000, le dossier Antifer va donner lieu, d’ici fin juillet, à un rapport complet réalisé par l’opérateur Gaz de Normandie. S’il est validé par la CNDP, il sera très largement diffusé auprès du grand public avant l’ouverture d’une série de réunions ouvertes à tous. Ces réunions, tant généralistes que thématiques, seront conduites par Alain Ohrel, ancien préfet de région. Président de la commission particulière du débat public, Alain Ohrel s’est entouré de plusieurs spécialistes. Parmi eux, Gustave Defrance, ingénieur général des mines. Particularité: il siège dans trois commissions actuellement chargées d’étudier des projets méthaniers à Antifer, Dunkerque et au Verdon.

Après une longue procédure de concertation, le projet Antifer devrait être définitivement ficelé par Gaz de Normandie au cours du premier semestre 2008. Mais pour lancer la construction de son futur terminal gazier, l’opérateur devra tenir compte des remarques faites par les opposants au projet, bien décidés à faire capoter l’affaire et à obtenir, plutôt que du méthane à Antifer, une marina à deux pas d’Etretat. Un projet dont le port autonome, propriétaire des lieux, ne veut pas entendre parler. Tout comme les autorités puisque le préfet de Haute-Normandie, Jean-François Carenco, aujourd’hui conseiller spécial du nouveau ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo, avait pris, l’hiver dernier, une position très ferme pour défendre bec et ongles le projet de terminal méthanier, estimant qu’il s’agit là d’un enjeu capital pour l’indépendance et la diversification énergétiques de la France.

"UN ENJEU STRATÉGIQUE"

"Il y a besoin d’ouvrir de nouvelles portes d’entrée énergétiques en France et en Europe, explique de son côté Charles Beigbeder, le président de Poweo. Il y a deux ports en France pour le gaz naturel, Nantes-Saint-Nazaire et Fos-sur-Mer, il en faut d’autres, comme à Antifer et au Verdon. Sinon, ajoute-t-il, le pays sera dépendant de la Russie. C’est un besoin stratégique, géopolitique. Il y a en France un petit nombre de sites idéalement placés pour cette activité stratégique, Antifer en fait partie. Il est de la responsabilité des Normands de le comprendre." Selon les premières estimations, ce sont environ 80 escales de méthaniers qui devraient avoir lieu dans un premier temps. Le rythme de croisière devrait être atteint avec environ 150 escales par an.

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