Un accident particulièrement atroce avait marqué l’activité de la gare de la Joliette le 16 novembre 2002 vers 7 heures du matin alors que le Scandola, en provenance d’Ajaccio, voyait débarquer ses passagers. Après une nuit de traversée, une fourgonnette sortait la première du pont garage du cargo mixte de la CMN, affrété par la SNCM. La fatigue, l’obscurité matinale et la pluie avaient été alors évoquées pour expliquer la méprise du conducteur parti tout droit en sortant du navire au lieu de bifurquer à gauche au poste 76 du quai du Maroc. Le véhicule passait par-dessus le quai et sombrait dans les eaux du port entraînant ses deux occupants dans la mort.
Aujourd’hui, un jugement particulièrement net attribue toute la responsabilité à la compagnie maritime SNCM et au Port autonome de Marseille (PAM). Reconnus coupables d’homicides involontaires, ils ont été condamnés à 200 000 € d’amende chacun. Les juges de la 8e chambre du tribunal de grande instance de Marseille ont doublé la peine requise par le procureur. Dans ses attendus, le tribunal est particulièrement sévère: "Il apparaît que tant la SNCM que le Port autonome de Marseille, entreprises extrêmement importantes tant par leur chiffre d’affaires que par le nombre de leurs salariés, ont fait prévaloir l’intérêt commercial sur la prudence et la sécurité, acceptant de prendre le risque de provoquer la mort d’utilisateurs de leurs installations ou de leurs services plutôt que d’assumer le coût dérisoire de la réparation (1 607 €) ou de la conception (2 922 €) de nouvelles barrières amovibles, et cela, pendant des années." D’autre part, la responsabilité d’un agent d’accueil de la SNCM, absent à la manœuvre, a été également reconnue.
