Après avoir investi ces dix dernières années des sommes importantes dans la croisière (entre 25 M€ et 35 M€), le PAM cherche un opérateur pour les installations du môle Léon Gourret. Un appel à projets vient d’être lancé qui propose de les mettre "à disposition d’un opérateur, seul ou constitué en groupement, qui pourra y fidéliser et développer sa clientèle".
La décision, qui a été approuvée en conseil d’administration, peut surprendre dans la mesure où le PAM cherche ainsi à se désengager partiellement de l’exploitation d’une activité qu’il a privilégiée par ses investissements, mais qui était loin de lui assurer un équilibre des comptes. "C’est afin d’atteindre l’objectif d’un million de croisiéristes en 2011", explique la direction. Les installations concernées comprennent la gare de croisière mise en service en 2003 (6 200 m2), le Marseille Provence Cruise Center, les gares de transit et les terre-pleins des postes 162 et 163, ainsi que le poste 181 qui sera agrandi pour accueillir les plus grands paquebots de croisière, trois ou quatre en simultané.
La contrepartie d’une mise à disposition de 25 ans maximum et de l’utilisation prioritaire de l’ensemble des équipements ressemble furieusement à celle de Fos 2XL. En effet, "le futur opérateur devra garantir un trafic minimum d’un million de croisiéristes dès l’année 2011, ainsi que 450 escales annuelles". L’objectif est certes ambitieux, même s’il a été tracé depuis longtemps par le Club de la croisière de Marseille-Provence.
La manipulation tentée par le PAM parviendra-t-elle à faire décoller du palier des 350 à 400 000 passagers dans lequel il est "tanqué" depuis quatre ans après avoir multiplié par six ce trafic en dix ans? On peut s’interroger à savoir comment un opérateur croisière, c’est-à-dire une compagnie, pourra assurer le chiffre d’un million de passagers. Le nom de Costa Crociere, filiale du groupe Carnival, a immédiatement circulé. Opérateur croisière historique de Marseille, il ne représente aujourd’hui qu’une centaine de milliers de passagers. Son président, Gianni Onorato, a reconnu avoir consulté l’appel du PAM. D’ici que sa compagnie continue à Marseille sa politique de gestion directe des terminaux ainsi qu’il le pratique en Méditerranée, il n’y a qu’un pas.
L’annonce a inquiété les syndicalistes du PAM qui ont aussitôt mis en relation le million d’evp de Fos 2XL avec le million de pax du terminal Léon Gourret. Leur direction s’est voulue rassurante: "Le PAM continuera à assurer avec ses propres agents les tâches d’exploitation et de maintenance des équipements." En attendant de connaître l’identité du lauréat de l’appel à projets qui devrait être connu d’ici la fin de l’année, les craintes de voir exiler les activités industrielles des bassins Est vers Fos pour en faire un pôle dédié aux passagers et au tourisme ont été réactivées. "À Marseille, les croisières, à Fos les marchandises?", traduisait sur un titre un quotidien marseillais.