"Une vision, une boîte à outils et le dialogue sont les trois ingrédients d’une bonne politique", a rappelé Jacques Barrot, vice-président de la Commission européenne en charge des transports. La future politique portuaire européenne devra donc s’articuler autour de ses trois piliers.
La vision de la politique portuaire s’appuie sur "l’attrait de nouveaux opérateurs logistiques". "L’investissement, l’innovation, la simplification des opérations portuaires et l’optimisation des liaisons avec l’hinterland, ainsi qu’un personnel qualifié seront les clés pour augmenter la capacité portuaire et répondre à une demande croissante et sophistiquée", a déclaré Jacques Barrot. Dans cet esprit, une nouvelle forme de coopération entre les ports, les modes de transport et les manutentionnaires doit être étudiée.
LE TRANSPORT MARITIME DANS UN ESPACE EUROPÉEN COMMUN
La mise en place de cette vision doit se faire avec des outils. Le commissaire européen en a précisé quelques-uns. En premier lieu, il a rappelé que les projets de nouvelles infrastructures doivent s’accomplir en respectant l’environnement. "Je pense qu’il faut que nous établissions des lignes directrices environnementales pour appliquer la législation aux développements portuaires." Ensuite, le responsable européen souhaite que "les ports profitent de l’ère électronique." Il a fait la promotion de SafeSeaNet, réseau d’information des communautés portuaires européennes. En France, ce système est relayé par Trafic 2000. "Ce système est une partie des initiatives e-maritime que je proposerais. D’autres doivent venir en complément comme e-freight ou e-Customs, sur le fret et les douanes."
Autre sujet abordé par le vice-président de la Commission, l’environnement du transport maritime à courte distance. La mise en place, dès 2008, d’un espace européen commun pour le transport maritime sera une étape importante. Jacques Barrot a aussi plaidé en faveur d’un guichet unique administratif pour ce mode de transport et de formalités administratives informatisées pour favoriser le développement du TMCD. Enfin, parmi les outils détaillés par Jacques Barrot figurent ceux qui doivent apporter une clarification des règles régissant les ports: les lignes directrices pour les investissements portuaires. "J’ai demandé à mes services de réfléchir à cette question pour établir des lignes directrices dans quelque mois", a voulu rassurer le commissaire européen. La transparence financière, qui ne s’applique qu’aux ports totalisant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 40 M€, devrait s’étendre à tous les établissements. De plus, les tarifs portuaires, s’ils sont publics, manquent de clarté. Ils doivent être plus transparents pour les utilisateurs, qui veulent savoir ce qu’ils payent et à qui. Enfin, s’agissant de la concurrence avec des ports de pays tiers, Jacques Barrot a proposé de dresser une liste des problèmes rencontrés et ensuite de les transférer dans le cadre des relations extérieures de l’Union européenne.
L’IMPORTANCE DU DIALOGUE SOCIAL
Le troisième pilier de cette politique s’appuie sur le dialogue. "Le dialogue social est un point essentiel de cette politique", a indiqué le vice-président de la Commission. Et il a été plus loin en souhaitant que l’Europe soit moteur dans la formation des ouvriers portuaires, en établissant des minima requis. "Dans ce contexte, l’inspiration peut venir du port de Dunkerque qui a su développer une stratégie de partenariat social entre les partenaires", a souligné Jacques Barrot. Il a ensuite souligné la nécessité de mettre en place des règles de d’hygiène et de sécurité dans les ports français. "Récemment, des ouvriers ont perdu la vie en faisant leur travail. Nous devons nous assurer que ces règles soient appliquées", a insisté le vice-président de la Commission. Enfin, le dialogue passe aussi, selon le vice-président de la Commission, par une meilleure connaissance du transport maritime et des ports auprès du grand public.
Ces différents points seront repris dans un texte présenté en octobre prochain à la Commission. La politique portuaire européenne continue sa marche.