Il y a eu 41 actes de piraterie dans le monde au premier trimestre, contre 61 un an auparavant. Selon l’International Maritime Bureau (IMB) de la Chambre internationale de commerce basée à Londres, des pirates sont montés à bord de 29 navires et en ont détourné 2. Ils ont pris 39 navigants en otage et en ont enlevé 17 contre rançon. Les attaques (4) contre les vraquiers ont fortement diminué (− 8), de même que celles (9) contre les porte-conteneurs (− 6).
ASIE: ÇA VA MIEUX
L’IMB note une baisse des attaques au Bangladesh, surtout dans le port de Chittagong. Il l’attribue à la vigilance accrue des équipages, à la réaction rapide des gardes-côte et un délai d’attente en rade réduit dans les endroits où se sont produits les incidents précédents. Avec 9 attaques, l’Indonésie représente presque le quart du total du trimestre. Pourtant, l’IMB reconnaît les efforts des autorités pour lutter contre la piraterie, car il y avait eu 19 incidents un an auparavant. Dans le détroit de Malacca (2 incidents), l’IMB constate une amélioration très nette de la sûreté, par suite de la coopération entre les Marines d’Indonésie, de Malaisie et de Singapour.
NIGERIA: PAYS À RISQUES
Les attaques ont augmenté au Nigeria. Ainsi, 40 marins ont été pris en otage ou kidnappés. Les navires sont attaqués dans le delta du Niger et jusqu’à 30 milles au large dans les eaux internationales. Les organisations rebelles "Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger" et "Force populaire des volontaires du delta du Niger" s’en prennent aux équipages des navires de servitude et aux personnels étrangers des plates-formes pétrolières offshore. Plus de 100 d’entre eux ont été enlevés et libérés contre rançon. En conséquence, la production pétrolière de la région a été réduite de 25 %. L’IMB souligne l’inertie des autorités portuaires, de la police et de la Marine nigerianes malgré les appels à l’aide sur le canal 16 VHF, dont l’écoute est obligatoire. Les attaques deviennent de plus en plus audacieuses et visent également les navires sans rapport avec l’industrie pétrolière.
SOMALIE: LE "FLÉAU"
En Somalie, l’IMB recommande aux navires de passer au moins à 75 milles des côtes malgré le peu d’attaques signalées (deux), en raison de la guerre civile qui rend difficile une assistance des autorités à terre. Par contre, l’ONU a dénoncé "le fléau de la piraterie" au large de la Somalie, qui menace de famine des millions de personnes. Les arrivages de son programme alimentaire sont en effet pris pour cibles. Ainsi le 20 mai, le navire jordanien Victoria, qui venait de livrer 4 000 t de produits alimentaires à Merka, a été attaqué par des pirates qui ont tué un membre de l’équipage. Depuis la chute du dictateur Mohamed Siad Barré en 1991, la Somalie est devenue un repaire de pirates, qui se font passer pour des "gardes-côte" luttant contre la pêche clandestine et le rejet des déchets toxiques le long des côtes. Leurs attaques ont encore pris de l’ampleur après le renversement, en janvier, du régime islamiste qui contrôlait le Sud du pays depuis six mois. En 2006, l’ONU avait suspendu pendant plusieurs semaines son programme alimentaire après le détournement de deux de ses navires.
PRÉSENCE AMÉRICAINE
La Marine américaine a renforcé récemment sa présence au large de l’Afrique de l’Ouest, afin de lutter contre le terrorisme, l’immigration clandestine et le trafic de drogue. La coopération navale avec la Mauritanie, le Sénégal, le Bénin, le Togo, São Tomé et le Gabon se renforce. À partir d’octobre, un bâtiment amphibie américain et son escorte seront déployés en permanence dans la région. La mise en place de systèmes d’identification automatique est recommandée à bord des navires marchands, afin de les localiser avec précision et de dissuader la piraterie et la contrebande. En patrouillant au large de l’Angola, de la Guinée Équatoriale et du Nigeria, la Marine américaine protège le transport de leur pétrole vers les États-Unis, soucieux de réduire leur dépendance du Moyen-Orient dans ce domaine. Enfin, le Pentagone va mettre sur pied, dès octobre, un centre de commandement civilo-militaire pour l’Afrique incluant les services des Affaires étrangères, des Douanes et de l’Immigration.