La croissance de la demande mondiale de pétrole et des
autres matières premières, ainsi que l’essor économique en Russie, font augmenter les besoins de transport. C’est la raison pour laquelle de nombreux armements développent fortement leur flotte depuis quelques années. Sovcomflot, 2e compagnie maritime russe va, selon les propos de son directeur général, Sergej Frank, augmenter d’environ 50 % sa capacité de transport dans les prochaines années (voir tableau).
Pour financer ces investissements, des institutions financières internationales ont déjà été approchées avec succès. Ainsi, en décembre dernier, la Sumitomo Mitsui Banking Corporation (Japon) et la Dutch Fortis Bank (Pays-Bas) ont accordé un crédit de 70 M$ pour l’affrètement à long terme de deux méthaniers.
De 2007 à 2010, les armateurs russes vont déployer 750 pétroliers et cargos secs représentant un total de 17 Mtpl et une valeur de 13 Md$, expliquait Michael Romanowskij, président de l’Association des propriétaires de navires (Soross), dans son entretien avec la revue Gudok (DVZ du 17-03-2007). La capacité de transport serait ainsi plus que doublée. La majorité des nouveaux navires devrait en toute logique être immatriculée dans le nouveau second registre russe compte tenu des avantages financiers qu’il présente. La première immatriculation de ce registre date d’octobre 2006.
À la fin de l’URSS, la flotte de commerce, de sources russes, se situait au 4e rang mondial avec les 15 000 navires répartis dans 17 sociétés de navigation marchande, pour un tonnage de 18 Mtpl. Actuellement, seuls 200 navires – pour 2,6 Mtpl – naviguent sous pavillon russe.
Dans cette flotte, il n’y a aujourd’hui que peu de navires spécialisés très productifs comme les porte-conteneurs, les navires frigorifiques ou les transbordeurs. Selon les publications russes, plus de 40 % des unités battant pavillon national doivent avoir plus de vingt ans. Concernant la demande, le transport maritime du commerce extérieur russe a fortement augmenté, passant de 204 Mt en 1998 à 405 Mt en 2004.
Dans la même proportion, les dépenses de fret sont passées de 4 à 8 MdUS$, majoritairement encaissées par des compagnies de navigation étrangères. Les transporteurs maritimes russes ont perçu à peine 5 % de ces dépenses, soit 400 M$.
UN SECOND REGISTRE QUI DEMANDE ENCORE BEAUCOUP D’EFFORTS
Michael Romanowskij attire l’attention sur le fait que le succès du second registre exige de grands efforts, notamment de coopération entre les autorités et les institutions financières. La recherche de financement auprès d’institutions financières étrangères constitue l’une des priorités. Mais le succès du second registre doit être considéré comme un processus de longue durée.
Le président de la Soross réclame également l’adoption rapide de dispositions complémentaires par les autorités compétentes en matière douanière et tarifaire. Directeur général et principal actionnaire de l’armement Primorsk Shipping Corporation, Alexander Kiriditschew demande, pour sa part, que les autorités répondent rapidement aux questions encore pendantes relatives au transfert de navires hors du secteur de l’offshore. En outre, l’armateur évoque la commande de sept pétroliers de 50 000 tpl à des chantiers sud-coréens, livrables en 2009. La commande de 20 autres pétroliers est également en projet. Les armements devraient "profiter au maximum" des possibilités offertes par la loi sur le second registre.
SE REGROUPER POUR MIEUX RÉSISTER
Des transactions financières et des modifications de structure doivent en outre contribuer à améliorer la position concurrentielle du transport maritime russe. La fusion, déjà largement évoquée, des compagnies Sovcomflot et Novoship illustre cette problématique. En janvier, le ministre de l’Économie, German Gref, annonçait la prochaine approbation de cette opération; le ministère des Transports ayant déjà donné son accord en septembre dernier. Selon la presse russe, cette fusion constituerait le quatrième armement pétrolier mondial.
Entièrement public, Sovcomflot devrait prendre 50,34 % du capital de Novoship (de propriété publique et privée), qui conserverait sa raison sociale, dans un premier temps. L’ensemble représenterait 76 pétroliers (soit 7,6 Mtpl), 27 cargos secs, ainsi que le paquebot Maxime-Gorki. La capitalisation sur le marché des deux entreprises, qui sont bénéficiaires, est globalement évaluée à 2,7 Md$.
Leur groupement doit les rendre plus efficaces et internationalement plus fortes, mais aussi assurer la prolongation du transport de pétrole sous contrôle de l’État. Déjà programmée depuis longtemps, l’entrée de Sovcomflot dans le transport maritime de gaz naturel liquéfié devrait être effective peu après la fusion, tant attendue.
En janvier, la compagnie publique a, en outre, signé un accord avec le groupe pétrolier Rosneft, pour un "management joint venture". Ainsi, Sovcomflot devient-elle responsable de la gestion technique des pétroliers, des terminaux et installations offshore du groupe pétrolier.