En l’occurrence, ces "marées noires" n’ont rien à voir avec les hydrocarbures. Il s’agit des étales de marées nocturnes d’hiver pendant lesquelles il est impossible, dans l’obscurité de rentrer les minéraliers et charbonniers capesize au port Est.
L’entrée au port Est de Dunkerque n’est, en effet, pas des plus aisées. Les navires arrivent cap plein est en provenance du bassin d’attente du Dyck. Ils doivent virer à 90o au sud à 4 nœuds environ pour prendre les jetées, puis effectuer une giration sur place dans l’avant-port Est pour se trouver cap à l’ouest à l’entrée de l’écluse Charles de Gaulle. Cette manœuvre ne s’effectue qu’à l’étale de marée. Certains hivers, quand le calendrier des marées est défavorable, les navires peuvent attendre jusqu’à cinq jours, avec ce que cela suppose de frais de surestaries, et de désorganisation pour cause d’attente, puis de bouchon au terminal. Erwan Devaux, chef du pilotage de Dunkerque, explique que le pilotage au radar n’est pas suffisamment performant pour permettre l’entrée de nuit sans risque.
Mais un nouvel outil mobile fourni par Marimatech, un ordinateur couplé à un positionnement par GPS différentiel, a été essayé avec succès à quatre reprises l’été dernier. Cette "valise intelligente" permet de positionner instantanément le navire sur une carte marine à l’écran (à échelle choisie), et mieux encore, le logiciel embarqué permet d’anticiper les mouvements du navire en fonction des décisions prises. Les gains économiques sont considérables. Jean-Marie Cavros, chef du terminal minerais et charbons d’Arcelor Mittal, souligne les avantages immédiats du système.
Le commandant du port Noël Juhère, évidemment associé à cette action de progrès, estime que la disparition définitive des marées noires l’hiver prochain est un objectif raisonnable. Les entrées sous GPS se sont faites jusqu’à présent par dérogation au règlement A 675, qui décrit les conditions d’entrée au port. Il faut pour modifier le règlement que quelques améliorations soient apportées à l’appareil, que l’ensemble des pilotes qualifiés tous navires soient formés au GPS, et que le PAD, à la demande du Pilotage, ait amélioré l’éclairage nocturne des amers. Car on n’empêche pas un pilote de tenter de garder ses repères visuels, tout en gardant l’œil sur l’écran.
