Si l’actuel ministre-président de la Flandre, Yves Leterme, devait à l’issue du scrutin prendre le poste de Premier ministre fédéral, le ministre régional flamand des Travaux publics, Kris Peeters, pourrait prendre sa place. Et cette nomination inquiète.
Ces dernières semaines, Kris Peeters a fait beaucoup parler de lui, multipliant les conférences de presse à Anvers, Zeebrugge, Gand. Il a axé sa campagne sur une coopération beaucoup plus étroite entre les ports flamands dans le cadre du projet "Flanders Port Area" (FPA). Assuré en concertation et avec le soutien du gouvernement flamand, celui-ci interviendrait sur le plan de la sécurité, de la formation, mais aussi sur la logistique avec la création d’une vaste plate-forme de connaissance. La promotion est aussi visée: il s’agit qu’elle soit conjointe à tous les ports. Le but du FPA est également de mieux coordonner les investissements afin d’optimiser les rendements. Si les directions des quatre ports de la Flandre approuvent l’initiative de Kris Peeters, toutefois, elles insistent pour garder leur entité et leur indépendance. Le nouvel échevin d’Anvers, Marc Van Peel, a été très clair en signifiant que le port d’Anvers ferait sa propre promotion.
ANVERS, UNE SITUATION PARTICULIÈRE
Si Kris Peeters se défend officiellement de vouloir s’immiscer dans la politique commerciale des ports, nombreux sont ceux dans les milieux portuaires qui ont en mémoire la volonté d’un précédent gouvernement de créer une agence portuaire chapeautant les quatre ports. La direction du port d’Anvers a donc rendu publique une étude commandée au "Policy Research Corporation" et axée sur l’impact économique du port d’Anvers sur sa région et sur le plan national. Les données recueillies sont assez significatives. Au total le port génère 148 000 emplois, dont 52 454 dans la région anversoise et ses environs, y compris la rive gauche. Bruxelles intervient pour 16 % et même la Wallonie (27 %) ou 23 031 emplois. En 2004, l’année de référence, le port a généré une valeur ajoutée de 16 Md€, dont 8,3 Md€ directement. Les rentrées annuelles pour le gouvernement flamand sont de l’ordre de 417,6 M€. L’étude prévoit d’ici 2015 une progression de l’emploi de 2 à 3 % dans le secteur de l’industrie liée au port, et de 17 000 emplois dans les services portuaires et le transbordement de conteneurs.
Des investissements colossaux
Malgré la polémique, le ministère flamand des Travaux publics n’en a pas moins décidé de délier les cordons de la bourse. L’accès maritime du port d’Anvers étant jugée prioritaire, 155 M€ seront consacrés aux dragages d’ici 2009, dont 48,2 M€ dans le cadre des travaux relatifs aux traités de l’Escaut signés avec les Pays-Bas. En outre, 30,7 M€ seront consacrés aux dragages dans les passes du Scheur et du Zand (pour Zeebrugge), ce qui aura pour effet d’améliorer les conditions d’accès au Deurganckdok. Un million sera consacré à une étude d’incidence environnementale relative à une seconde écluse pour la zone portuaire de la rive gauche dont les travaux devraient démarrer en 2008 (même si aucune décision n’est encore prise quant à sa localisation…). Quelque 70 M€ seront consacrés à des travaux d’infrastructures portuaires en 2007. Pour finir, 33 M€ seront consacrés à l’achèvement du Deurganckdok. D’autres travaux sont prévus aux écluses et pour le désenclavement ferroviaire de la rive gauche.
À Zeebrugge, le ministre s’est déclaré favorable au projet de raccordement fluvial à la future liaison Seine-Nord, ainsi qu’à la création d’un nouveau grand bassin à marée pour trafics roro (ou d’une écluse rapide pour cette zone), ce qui impliquera un investissement de 800 M€. En ce qui concerne le raccordement à Seine-Escaut Ouest, une étude de faisabilité sera menée. Les résultats seront communiqués en 2008. Les estimations de ce projet portent sur 375 M€. Cette année, 30 M€ seront consacrés à l’achèvement de la darse Albert II. D’ici 2008, près de 9 M€ seront dédiés au comblement partiel du Brittanniadok afin d’offrir de plus grandes superficies aux trafics rouliers. Puis 4,5 M€ seront destinés à des travaux d’infrastructures de désenclavement de l’arrière-port. Une quinzaine de millions seront consacrés à divers travaux, notamment aux écluses. Enfin, une aide de 6,2 M€ sur trois ans a été approuvée par l’Europe pour la navigation d’estuire.
À Gand, l’autorité flamande va investir cette année 20 M€, dont la majeure partie sera consacrée au Kluizendok. Cinq millions sont consacrés à une étude conjointe belgo-néerlandaise relative à une nouvelle grande écluse à Terneuzen (coût: 750 M€). Si ce dossier évolue favorablement, l’ouvrage pourrait être opérationnel en 2018. D’ici 2008, deux ponts sur l’écluse Ouest auront été remplacés de sorte que le port puisse réceptionner des navires jusqu’à 38 m de large contre 34 m actuellement.