Le président du Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, Daniel Percheron, a réuni pour la première fois le 30 mars à Boulogne-sur-Mer la conférence régionale portuaire Nord-Pas-de-Calais, une instance informelle qu’il a lui-même créée. Au menu, le sujet qui fâche depuis quelques années entre les trois ports de la région (Dunkerque, Calais et Boulogne-sur-Mer), la concurrence transmanche. Étaient présents, à huis clos: les élus, les dirigeants des deux concessions et du Port autonome, la direction de SeaFrance et les syndicats des ports et de la compagnie.
Le premier objectif de Daniel Percheron en présidant cette réunion, était de faire ressentir sa position d’arbitre. Il en sortit en parlant avec inspiration d’une réunion "sereine, réconfortante et éclairante". Sereine, parce que la courtoisie était de règle, réconfortante car "chacun est sûr de son métier", éclairante sur les réalités de la concurrence. Chacun est resté sur ses positions. Pour Calais, le transmanche est "notre cœur de métier", rappelle Jean-Marc Puissesseau, à la tête de la CCI. Il précise par la suite que le transmanche concerne plus de 10 000 emplois directs et indirects et qu’un projet majeur le concernant est en préparation pour 400 M€. Calais admettrait mal une concurrence massive sur ce métier. SeaFrance le supporte encore plus mal. Le président du directoire Eudes Riblier a rappelé que sa compagnie, qui emploie 1 500 personnes est la seule à armer sous pavillon français, "de 30 à 80 % plus cher que d’autres pavillons européens". Les ports voisins devraient donc se garder de faciliter l’arrivée d’une concurrence à bas coût social. Eudes Riblier vise là le nouveau terminal roulier de Boulogne, qu’il soupçonne de devoir accueillir des navires armés sous normes.
La concurrence, c’est pourtant ce qu’a apporté Norfolkline à Dunkerque, "en partant de zéro", à la loyale, ont rappelé les dunkerquois. Et le président de la CCI de Boulogne, Francis Leroy, a stigmatisé ce qui lui paraît être une attitude d’exclusion inadmissible de la part de SeaFrance. Il a rappelé clairement le droit historique de Boulogne à pratiquer le transmanche. "Nous limitons nos ambitions à 350 000 camions par an, soit moins que l’augmentation du marché, de l’ordre de 500 000 unités par an", a-t-il affirmé.
La conclusion de Daniel Percheron est qu’il soutiendra le projet de développement calaisien, et ne s’opposera pas à "l’essor loyal" dunkerquois. Il soutient également le projet boulonnais, mais "la région saura s’opposer à tout projet de dumping social destructeur d’emploi sur notre littoral".