En 2006, le Port autonome de Strasbourg avait vu transiter 2 800 t de bois par voie fluviale pour un trafic global de 8,4 Mt. Avec les conséquences de la tempête Krill qui a ravagé le 18 janvier dernier les forêts d’Europe du nord, ce chiffre devrait être multiplié par dix en l’espace de deux mois. "Nous sommes encore dans la phase de lancement et la quantité de bois manutentionné à Strasbourg pourrait atteindre 200 000 t en 2007. Cela représente environ la moitié de ce que nous avons connu sur le port à la suite de la tempête de 1999", estime Paul Taglang, responsable de l’exploitation portuaire pour le vrac, les colis lourds et la réparation des conteneurs.
Le potentiel de trafic est important, car selon l’association européenne des forêts d’État (Eustafor), 54 Mm3 de bois a été mis à terre par la tempête Krill ce qui représente 12 % de la récolte annuelle du continent. L’Allemagne a été la plus touchée avec 24 Mm3, dont la moitié en Rhénanie du Nord-Westphalie.
Acheminées via les ports de Dortmund et de Köln, les grumes de 6 et 18 m ont commencé à être débarquées à Strasbourg début mars, d’où elles rejoignent en camions grumiers les scieries allemandes situées de l’autre côté du Rhin. "Il faut aller très vite, car si le bois reste couché dans les forêts pendant encore deux ou trois mois, des parasites vont se former et altérer la qualité de la marchandise", pointe Jean-Laurent Herrmann, directeur de Rhenania, un affréteur filiale du groupe Wincanton qui a décroché un marché auprès d’un regroupement de scieries en Forêt-Noire. Le contexte serait également favorable selon le directeur de Rhenania qui estime que "la demande est plus forte qu’il y a quelques années, notamment dans la construction". Afin d’augmenter le rendement et limiter les inconvénients des ruptures de charge, le port vient d’équiper une grue hydraulique d’une pince spécifique.