Avec 234 000 véhicules fret en 2006, Brittany Ferries confirme son positionnement sur ce marché. L’an passé, l’armement de Roscoff a vu ses résultats augmenter de 4 %. Et sur les trois dernières années, son marché a gagné 23,6 %. "Au total, sur les 3,9 millions de véhicules que le transmanche compte de Dunkerque à Roscoff, Brittany Ferries en capte 6 %. Nous avons une demande croissante et nous devons donc investir sur ce marché", a expliqué Fabrice Venarucci, directeur fret de l’armement. C’est dans ce contexte que le Cotentin a été commandé le 2 août 2006. Navire pur fret, il est actuellement en construction dans les chantiers finlandais d’Aker Yards. À son arrivée, prévue au mois d’octobre, le Cotentin viendra remplacer le Coutances. Ce dernier, construit en 1977, est devenu un peu trop étroit pour le marché actuel. Le nouveau navire disposera d’une plus grande surface de garage. Il pourra emporter 120 véhicules fret et offrira une cabine par camion ,"un confort supplémentaire pour les chauffeurs", explique le directeur fret de l’armement. Un petit plus qui ne sera pas nécessairement répercuté sur le prix du billet de passage, assure FabriceVenarucci. Avec une vitesse de 23 nœuds, développée par un moteur de 32 500 CV, ce navire sera parmi les plus puissants de la Manche.
Ce navire sera affecté sur deux lignes. En semaine, il viendra remplacer le Coutances sur la ligne entre Cherbourg et Poole. Il assurera trois traversées par semaine. Le week-end, il reliera la Grande-Bretagne et le nord de l’Espagne. "Le choix des ports n’est pas encore décidé, mais nous avons une « short list »." Le navire partira de Poole ou de Portsmouth pour rejoindre soit Santander, soit Gijon.
L’armement breton négocie actuellement avec les ports les conditions tarifaires pour les ramener à des niveaux plus adéquats avec le système économique.Avec 24 heures de traversée prévues dans chaque sens, le navire quittera l’Angleterre le vendredi soir; il touchera l’Espagne dans la soirée du samedi avant de repartir dès le dimanche matin. Son arrivée est prévue sur le sol britannique le lundi matin dès 6 heures.
Avec ce navire, Brittany Ferries table sur une progression du fret sur ces lignes. De 82 000 véhicules transportés en 2006 entre Cherbourg et Poole, le trafic devrait atteindre 91 000 unités en 2009, soit lors de la première année de plein exercice de ce navire (2008 est attendue comme une année de rodage). Quant aux relations avec l’Espagne, elles devraient s’envoler vers de nouveaux sommets. En 2009, la BAI compte sur 12 000 véhicules contre 4 750 en 2006. "Sur le papier, les espagnols répondent déjà présent. Les premières traversées sont presque réservées", indique Fabrice Venarucci. Mais cela reste théorique, la pratique est souvent un autre exercice.
LE FRET, UN RETOUR AUX ORIGINES
Ce retour en grâce du fret chez l’armateur breton n’est qu’un retour aux origines. En 1973, le premier navire acheté, le Kerisnel, était un pur fréteur. "La vocation première de notre société était donc le fret pour acheminer en Grande-Bretagne les produits agricoles de la région", se souvient le directeur fret. Et le directeur de partager ses constats. La demande fret est en pleine croissance. "Nous sommes en refus de vente certains jours sur les navires au départ de Caen." Il espère donc lisser la demande avec l’ajout de ce navire. Il permettra d’emporter plus de camions depuis Cherbourg vers la Grande-Bretagne et donc de consolider sa position face au marché fret.
Venant remplacer le Coutances, la BAI s’interroge sur la destination de ce navire. Âgé de 30 ans, il devrait logiquement finir dans un chantier.
L’armement réfléchit à d’autres fins: venir en complément sur certaines lignes lorsque la demande s’accroît, voire remplacer certaines unités lors de leurs visites techniques annuelles.
ET LES AUTOROUTES DE LA MER?
En reliant la Grande-Bretagne, l’Espagne et la France, la Brittany Ferries est désignée pour entrer dans le cadre des autoroutes de la mer. Un dossier a été déposé dans le cadre du programme Marco-Polo 2 pour recevoir des aides de l’Europe. La direction a dû retravailler son dossier et attend des nouvelles de Bruxelles. Quant à postuler à l’appel d’offres qui devrait être publié pour les autoroutes de la mer, la réponse est plus évasive. La vocation de l’armement breton n’est pas d’opérer des navires de 200 remorques en non accompagnées, un standard demandé pour les autoroutes de la mer.
Lors de la présentation du Cotentin, Fabrice Venarucci a rappelé qu’un second navire est en commande auprès des mêmes chantiers: l’Armorique. Destiné à accueillir des passagers et des véhicules fret, ce navire doit entrer en flotte en octobre 2008. Il pourra emporter 1 500 passagers et 70 unités fret.
Le Cotentin en quelques chiffres
– Coût: 85 M€ financés par l’armement sans dispositif fiscal.
– Longueur: 165 m
– Capacité: 120 unités fret et 120 cabines, soit une cabine par camion.
– Vitesse: 23 nœuds
– Navigants: 31 marins