Avec la croissance des échanges mondiaux, les manutentionnaires ont su tirer leur épingle du jeu et retirer un bénéfice du plus grand nombre de conteneurs déchargés dans leurs ports. Ainsi, en Allemagne, les deux principaux opérateurs portuaires affichent de bons résultats. Eurogate annonce une progression de son trafic de 9,4 % à 7 MEVP sur ses terminaux allemands. Une performance qui tient principalement aux performances de Brême où les terminaux ont traité 4,4 MEVP (+ 18,7 %). À Hambourg, le début d’année a été difficile. L’opérateur a été affecté par le départ des armements de la New World Alliance. Il a fallu attendre le courant de l’année pour rattraper le retard. Au final, les terminaux de Eurogate dans la cité hanséatique ont stagné à 2,5 MEVP.
MAINTIEN À GIOIA TAURO DE CONTSHIP ITALIA?
Au plan européen, Eurogate affiche une progression plus faible avec 4 % de hausse. Cette faiblesse est à imputer aux résultats de sa filiale Contship Italia. Dans la péninsule italienne, les trafics de ses terminaux de Ravenne, Livourne et Gioia Tauro ont reculé de 2,1 % à 5,4 MEVP. Dans ce dernier port, Contship Italia a souffert, au premier semestre, des décisions des armements qui ont préféré utiliser d’autres ports comme "hub" en Méditerranée. Avec des mouvements de grève à répétition en fin d’année, Cecilia Battistelo, présidente de Contship Italia, a annoncé dès le mois de février un possible retrait de ce terminal. Du côté des bons élèves de Contship Italia, le terminal de La Spezia a limité les dégâts avec une progression de 14 % à 1 MEVP. De plus, celui de Cagliari, en Sardaigne, apparaît comme un nouveau concurrent dans cette bataille des "hubs" méditerranéens. Le terminal sarde a gagné 7 % à 0,7 MEVP.
L’autre grand manutentionnaire allemand, HHLA, a fini 2006 sur une note positive. Avec une croissance de 16,1 %, l’autre manutentionnaire de Hambourg consolide sa position dans le range nord-européen. "Avec l’augmentation de 8,6 % du trafic portuaire, HHLA y a amélioré sa part de marché à 20,4 % contre 16 % en 2000", explique le manutentionnaire. Le groupe allemand est aussi présent à Lübeck et Odessa (Ukraine). Le trafic de ces deux terminaux a progressé, portant l’augmentation globale de HHLA à + 18 % avec 6,6 MEVP. Si du côté des volumes HHLA conforte sa position, financièrement, le groupe allemand atteint de nouveaux sommets. Le chiffre d’affaires progresse de 20 % à 1 Md€ et le résultat après impôts pourrait s’élever à 100 M€, en hausse de 56 %.
En Europe, des groupes internationaux ont d’ores et déjà pris position. PSA (Port of Singapore Authority) a développé son réseau sur le continent, notamment en Belgique. Au travers de sept terminaux, il réalise 33 % du chiffre d’affaires portuaire du groupe, soit 3,4 Md$ singapouriens (1,67 Md€). Mais, dans le même temps, ces terminaux accusent une baisse de 6,6 % de leur chiffre d’affaires en raison de la faiblesse de la parité de l’Euro, selon le groupe singapourien. Et le résultat d’exploitation suit ce mouvement avec un repli de 14 %.
Les autres opérateurs présents en Europe, Hutchison Port Holding, DP World (qui gère à parité avec la CMA CGM le Terminal de France sur Port 2000) et APM Terminals n’ont pas encore diffusé leurs comptes.
INVESTIR, UNE URGENCE
"Les premiers résultats en 2007 démontrent l’urgence d’investir", a expliqué Emanuel Schiffer, président d’Eurogate. Une opinion partagée par HHLA qui prévoit d’y réserver une enveloppe 300 M€ en 2007. Outre le matériel, les groupes visent aussi de nouvelles acquisitions. Ainsi, selon certains analystes, les difficultés actuelles de Gioia Tauro attirent des groupes étrangers. Les projets de privatisation du port du Pirée intéressent plusieurs opérateurs, dont des armateurs à l’image de Cosco. Enfin, l’année 2007 pourrait encore réserver des surprises. Grimaldi s’est porté candidat à la reprise de 49 % d’un autre manutentionnaire allemand, Unikai.