Les relations entre le Port autonome du Havre (PAH) et la région Haute-Normandie n’ont jamais été à proprement parler au beau fixe. On se souvient qu’Alain Le Vern, le président PS de la région, avait boudé l’inauguration de Port 2000 au prétexte qu’il ne devait pas prendre la parole alors que la région faisait partie des financeurs du projet. Mais le ton est encore monté d’un cran récemment. Au cœur de la brouille, le contrat de projet État-Région qui a été signé fin février.
Les responsables portuaires havrais avec à sa tête Jean-Pierre Lecomte, le président du conseil d’administration du PAH, estiment que les moyens alloués ne sont pas à la hauteur des enjeux économiques à relever localement pour les sept ans à venir. Le responsable du PAH avait notamment émis des craintes pour le financement des futurs postes à quai de Port 2000 ou le réaménagement de l’ancien port. Des craintes qui se sont révélées justifiées. Selon un élu UMP du conseil régional, sur les 591,8 M€ consacrés au Havre, la région n’apporte que 3 % d’aides financières, les autres crédits étant alloués par l’État, le port et le département. Récemment interrogé sur la polémique, le président Alain Le Vern a estimé que ce procès était "injuste et pitoyable". "Jamais, il n’y a eu autant d’argent. Le complexe rouenno-havrais doit être regardé dans son ensemble. Il faut sortir de l’esprit de clocher et de cette vision rabougrie… C’est pitoyable, car les dirigeants du port ont une approche égocentrique." La région a prévu uniquement de financer l’extension du grand canal pour un montant de 20 M€. "Pour le reste, les dirigeants du port sont incapables de hiérarchiser leurs priorités. Il y aura un point d’étape dans trois ans, en 2010. Alors, nous serons prêts à accompagner à hauteur de 10 % la construction de la nouvelle écluse. Qu’ils conduisent les études nécessaires et qu’ils déterminent les priorités", a déclaré Alain Le Vern. De son côté, un député PC du Havre, Daniel Paul, relance le débat en pointant du doigt la politique du gouvernement qui, selon lui, conduit le port du Havre à s’endetter. Toujours selon le parlementaire, l’État aurait ainsi pris la totalité des dividendes du PAH sur l’exercice 2005.
Les ports haut-normands dans le contrat de projet État-Région
Le 23 février, a été signé solennellement le Contrat de projet État-Région (CPER) qui porte sur les sept années à venir, 2007-2013. Alain Le Vern, président de la Région de Haute-Normandie, Jean-François Carenco, préfet de Région, ainsi que Didier Marie et Jean-Louis Destans, présidents des Conseils généraux de Seine-Maritime et de l’Eure, ont paraphé ce document. “Nous avons bien travaillé pour l’avenir de cette région”, a souligné Alain Le Vern, en évoquant le bilan de plusieurs mois de travail de l’ensemble des services de la région, des départements et de l’État. Le CPER 2007-2013 totalise une enveloppe de 1 212 M€. Les ports en représentent une part importante.
Globalement, le CPER de Haute-Normandie s’articule sur plusieurs domaines d’action, la formation, les infrastructures portuaires et autres, la santé, etc. Dans le secteur des transports et des infrastructures, les ports haut-normands sont inscrits pour plusieurs opérations. Concernant Le Havre, il s’agit “d’augmenter les capacités de Port 2000 en créant quatre postes à quai, sécuriser et moderniser les équipements et accès au port, réaliser les études et une première tranche de travaux de réhabilitation du port ancien, dans le secteur du môle central, réaliser les études et les premiers travaux de la seconde écluse maritime, moderniser les hangars et bâtiments, prolonger le grand canal du Havre jusqu’au canal de Tancarville, en maintenant la fonctionnalité hydraulique de la réserve naturelle”. Pour Rouen, sont inscrites des opérations visant à “améliorer, par dragage du chenal et reprise des quais, les accès nautiques, restaurer la qualité physique et la fonctionnalité des milieux aquatiques, redonner des espaces de liberté à la Seine et ses annexes, de Poses à la mer, développer le terminal à conteneurs et à marchandises diverses”. Enfin, pour Dieppe, il est prévu de remettre le port de commerce à niveau et aux normes internationales et de moderniser les infrastructures.
En matière de fluvial, des opérations comme la modernisation des ouvrages de la Seine Aval et celle des écluses du Canal de Tancarville sont inscrites, tout comme l’étude de projet de l’écluse fluviale de Port 2000. En ferroviaire, il est prévu de moderniser les réseaux portuaires ferroviaires du Havre et de Rouen, et de réaliser des études sur un troisième franchissement de l’estuaire et les itinéraires de contournement fret.
J.-C.C.