Troisième plate-forme intérieure française en termes d’activité fluviale avec 5,740 millions de tonnes transportées en 2006, les ports de Mulhouse-Rhin (PMR) réfléchissent à des synergies avec leurs voisins allemands et suisses et misent sur la relance du projet de liaison à grand gabarit Saône-Rhin abandonné en 1997.
Une nouvelle étape a été franchie dans les perspectives de développement des PMR, le 15 février, avec l’inauguration d’un second portique, disposant d’une voie de roulement de 300 mètres et offrant un stationnement en cinq couches. "Nous devions nous doter de cet outil pour faire face à la pression de l’activité. Notre volonté est maintenant d’optimiser cette possibilité de logistique qui nous permet d’avoir des perspectives à long terme", a souligné Jean-Pierre Gallo, le président de la Chambre de commerce de Mulhouse Sud Alsace gestionnaire des trois ports multimodaux (Ottmarsheim, Huningue, Ile-Napoléon). En effet, en 2004, l’activité des PMR avait atteint des niveaux record franchissant la barre symbolique des 100 000 EVP avec au total 6,1 millions de tonnes transportées par voie fluviale. "Cette année-là, nous avions réalisé l’équivalent des ports de Bâle qui comptent quatre terminaux et quatre équipements, avec un terminal et un portique", a commenté Bernard Fessler, le directeur des PMR.
Le retour à quai s’est fait en douceur en 2005 (5,833 millions de tonnes) et malgré une baisse de 1,6 % en 2006, l’activité demeure soutenue. Fortement impliqués dans le transport de produits pétroliers (1,468 M tonnes, − 4,3 % en 2006), de minéraux (1,459 M tonnes, + 23,2 %) et de produits céréaliers (0,879 M tonnes, + 2 %), les PMR ont réalisé l’an dernier la quatrième meilleure performance de leur histoire. Ils continuent d’investir, avec l’installation d’une plate-forme de collecte de déchets métallurgiques à l’Ile-Napoléon en 2006 et la mise en place cette année à Ottmarsheim d’une plate-forme dédiée au transbordement de vracs avec une possibilité de stockage intermédiaire.
Seule ombre au tableau, la baisse de 27,5 % du trafic conteneur en 2006 (61 520 EVP) en raison d’une activité moins tournée vers l’exportation, explique-t-on à CCI de Mulhouse Sud Alsace, notamment en raison de la baisse des exportations vers l’Iran du site de production de Peugeot-Citroën PSA à Mulhouse. "PSA représentait 70 % de notre activité conteneur il y a quelques années, aujourd’hui elle atteint 35-40 %", a indiqué Jean-Pierre Gallo.
Pour réaliser leurs ambitions et "jouer la carte d’une grande plate-forme import-export, afin d’être incontournable dans le Rhin supérieur", les responsables des PMR parlent d’un rapprochement avec les ports voisins de Weil am Rhein (Allemagne) et de Bâle (Suisse) et évoquent "une réflexion sur une zone franche élargie", "des investissements en commun" ou encore "une spécialisation des ports". Le projet de fusion des plates-formes de Basel-Land et de Basel-Stadt sur lequel les citoyens helvétiques devront se prononcer en juin lors d’un référendum local, semble montrer la voie.
Autre piste de développement: la relance du projet de liaison fluvial entre la Méditerranée et la mer du Nord via un canal Saône-Rhin. Une étude d’intérêt socio-économique a été confiée par les collectivités locales alsaciennes au cabinet Eurotrans, auteur de l’étude du canal Seine Nord Europe. Il devrait rendre ses conclusions début 2008.
"Nous sommes en train de pousser pour que de nouvelles études soient réalisées. En effet, les techniques modernes permettraient de limiter l’impact environnemental, notamment de ne pas couper les méandres du Doubs", explique Jean-Pierre Gallo. Malgré un trafic annuel de 350 millions de tonnes entre Bâle et Anvers "le Rhin n’est pas saturé dans sa partie sud", rappelle-t-il. Et le trafic conteneur se développe rapidement sur le Rhône: "Le fleuve est passé de 4 000 conteneurs au départ de Marseille en 2000 à 60 000 aujourd’hui", n’a pas manqué de rappeler François Bordry, président de Voies navigables de France.