Selon l’International Maritime Bureau (IMB) de la Chambre internationale de commerce basée à Londres, il y a eu 239 attaques, réussies ou tentées, contre 276 un an auparavant. Des pirates sont montés à bord de 162 navires (182) et en ont détourné 14 (23). Ils ont pris 188 navigants en otage (440) et en ont tué 15 (pas connu) mais en ont enlevé 77 en vue d’une rançon (13).
Les attaques contre les vraquiers (57) ont diminué (− 24), mais celles contre les porte-conteneurs (49, + 19) et bateaux de pêche (18, + + 11) ont augmenté. Les navires-citernes visés vont de 4 000 à 100 000 tpl. Les transporteurs de produits ont été attaqués 35 fois (− 8) et les pétroliers 9 (− 13). Les pavillons d’Antigua & Barbuda, avec 10 attaques (+ 2), et du Liberia avec 24 (+ 6) ont été particulièrement visés. En revanche, ceux de Chypre (5, − 8), de Hong Kong (10, − 2), de Malte (14, − 3), de Panama (42, − 8) et de Singapour (20, − 4) l’ont été moins. L’IMB dispose d’un centre d’informations sur la piraterie, où les commandants de navires peuvent signaler les attaques à tout moment et n’importe où dans le monde et reçoivent immédiatement en retour des conseils sur la conduite à tenir. Le centre coordonne l’assistance médicale et le soutien par l’intermédiaire des autorités locales. Il a recensé 317 actes de violence contre les équipages en 2006, soit 192 de moins en un an: prises d’otages, enlèvements contre rançons, menaces, agressions, blessures, assassinats et disparitions.
PAYS CIBLES
Dix pays et zones sont particulièrement signalés par l’IMB: l’Indonésie, le Bangladesh, le Nigeria, le détroit de Malacca, le golfe d’Aden/mer Rouge, la Somalie, la Malaisie, la Tanzanie, le Pérou et le Brésil.
Indonésie: le nombre d’actes de piraterie a été de 39 et celui des tentatives de 11.
Bangladesh: 33 attaques et 12 tentatives.
Nigeria: 9 attaques et 3 tentatives.
Détroit de Malacca: 6 attaques et 5 tentatives.
Golfe d’Aden/mer Rouge: 1 attaque, mais 9 tentatives.
Somalie: 5 attaques et 5 tentatives.
Malaisie: 10 attaques.
Tanzanie: 8 attaques et 1 tentative.
Pérou: 9 attaques.
Brésil: 6 attaques et 1 tentative.
En outre, l’IMB met en garde contre les ports suivants: Chittagong avec 46 incidents signalés en 2006 (+ 27 en un an), Djakarta (Tg Priok) avec 12 (− 3), Callao (Péroou) avec 8 (+ 3) et Santos (Brésil) avec 7, alors qu’il n’y en avait eu aucun depuis 2003.
MALACCA: PROTECTION RENFORCÉE
Le détroit de Malacca est franchi chaque année par 60 000 navires de commerce, qui acheminent 40 % du trafic mondial de fret dont 80 % des importations énergétiques du Japon et de la Chine. En février 2007, le Japon a établi un bureau de lutte contre la piraterie au sein de son corps de gardes-côte, en vue de renforcer la coopération dans ce domaine avec les pays riverains du détroit. Un exercice tripartite a eu lieu en ce sens au début du mois entre les îles de Phuket (Thaïlande) et de Langkawi (Malaisie). Il a mobilisé 154 hommes, deux hélicoptères, un garde-côte japonais et des patrouilleurs thaïlandais et malais. Pendant trois heures, des "pirates" ont détourné un VLCC japonais et enlevé une partie de son équipage. Plus tard, des commandos de la police malaisienne ont pris d’assaut le pétrolier et maîtrisé les "kidnappers".
La piraterie dans le détroit, fréquente autrefois, a pourtant baissé depuis que la Malaisie, la Thaïlande, l’Indonésie et Singapour ont entrepris des patrouilles aériennes et maritimes conjointes. Le groupe d’assurances Lloyd’s Market Association a même supprimé, en août 2006, la surcharge "risques de guerre" pour les navires marchands en transit, surtout du côté de la Malaisie et de Singapour.
Toutefois, le risque et donc la surcharge demeurent pour les navires faisant escale dans les ports du nord-est de l’île indonésienne de Sumatra.
Depuis 2005, la commission "guerre" du Lloyd’s Market Association estime que le détroit de Malacca est vulnérable aux "guerres, attaques, terrorisme et dangers y afférant", en raison de la recrudescence des actes de piraterie et de grand banditisme. Enfin depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, les experts mettent en garde contre les risques d’attentats de la part de l’organisation terroriste Al-Quaïda et ses affiliés en cas de laxisme en matière de sûreté de la voie maritime.