Ambiance chaude la semaine dernière à Saint-Jouin-Bruneval, la commune située à quelques encablures du port pétrolier d’Antifer. Vêtus de combinaisons blanches et de masques façon "Greenpeace", des habitants ont manifesté leur opposition au projet d’implantation d’un terminal méthanier sur Antifer à l’horizon 2012. Cette manifestation est intervenue aux abords de la salle qui accueillait la première réunion d’information destinée à la population.
Luc Poyer, le directeur général délégué de Poweo, Yves Bramoullé, responsable de projet et Jean-Marc Lacave, directeur général du Port autonome du Havre (PAH) ont eu fort à faire pour persuader l’auditoire du bien fondé de ce projet qui est actuellement conduit par Gaz de Normandie, une entité composée de Poweo et de la CIM. Le directeur du PAH a rappelé que le port avait été sollicité en 2005 par plusieurs opérateurs pour réfléchir sur l’approvisionnement en gaz par voie maritime afin de ne pas dépendre des acheminements terrestres. La conclusion du PAH a été la suivante: il existe une demande de terminaux méthaniers en France et Le Havre doit se positionner.
En septembre 2006, Poweo et la CIM étaient retenus à l’issue d’un appel à projets. L’avant-projet vient de démarrer et les études devraient durer de deux à trois ans. Au printemps, la commission nationale du débat public sera saisie puis début 2008, le dossier devrait être déposé auprès du préfet.
L’instruction administrative devrait durer un an.
L’enquête, publique devrait aboutir ou non à un permis de construire. Le lancement des travaux serait prévu en 2009 pour une mise en service trois ans après. Au cours de la réunion, les habitants n’ont pas marché leurs mots "C’est scandaleux de vouloir installer une bombe à gaz à moins de 1 000 m d’une école qui accueille 250 élèves", lance une habitante. "Le port autonome dispose d’autres terrains. Pourquoi ne les utilise-t-il pas? Nous ne voulons pas d’une zone industrielle à Saint-Jouin", enchaîne un homme.
L’association "Saint-Jouin-Bruneval développement durable" rassemble aujourd’hui 500 adhérents en quelques mois seulement.
Cette structure qui s’oppose au terminal prépare sa contre-offensive. Elle devra présenter courant mars un dossier visant à aménager un port de plaisance sur Antifer. Pour les responsables, il s’agit de favoriser le tourisme et de créer des emplois. "Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres d’Étretat et avec notre plage nous avons le seul accès à la mer entre Le Havre et Fécamp", argumente Guy Le Mignot, le responsable de l’association.