En Espagne, on suit donc de très près le projet des autoroutes de la mer et la première expérience qui devrait se concrétiser entre l’Espagne et la France. Et si aucune date précise pour la concrétisation de ce projet n’est encore disponible, le développement du transport maritime de courte distance (TMCD) est d’ores et déjà entré dans le débat politique espagnol.
À l’occasion de la discussion du projet de loi de finances pour 2007, le groupe nationaliste catalan au Cortes, Convergencia i Unió (CiU), a déposé deux amendements, l’un en vue de créer un "Ecobono" (aide directe aux transporteurs routiers qui accepteraient d’utiliser la voie maritime), l’autre en vue de subventionner les autoroutes de la mer. Ces amendements ont été refusés par le gouvernement espagnol.
Ce refus doit néanmoins être interprété et replacé dans son contexte. "Le ministère du Développement est favorable à une subvention au TMCD, mais il ne peut en aucun cas admettre que ce type de soutien financier soit introduit par le parlement, qui plus est sous forme d’amendement lors d’une discussion budgétaire. Il souhaite que cela soit de sa propre initiative", explique un spécialiste espagnol du TMCD. De fait, selon nos informations, le ministère travaille a l’élaboration d’un instrument financier de soutien, en étroite collaboration avec l’Association espagnole de promotion du TMCD. La solution retenue pourrait s’inspirer du schéma italien, à savoir une subvention en fonction du tonnage. Ce mécanisme pourrait même être inscrit dans le prochain budget et voir le jour en 2008.
L’Espagne est certainement l’un des pays d’Europe les plus intéressés au développement du TMCD. L’engorgement des routes ne peut que s’accentuer au cours des prochaines années alors que le trafic ferroviaire pourra difficilement être une alternative en raison du relief et du retard du réseau. Fait significatif, la profession routière espagnole est favorable au TMCD et la Confédération espagnole de transport de marchandises (CETM) est membre de l’Association espagnole de promotion du TMCD.
LES PORTS INVESTISSENT
Les ports espagnols ont réalisés d’importants investissements de capacité et ont mis l’accent sur la polyvalence des trafics. Si le ralentissement du trafic portuaire observé en 2006 (+ 4,2 % après +7,5 % en 2005 et +7,4 % en 2004) se poursuit, le TMCD peut être une niche de marché intéressante à explorer. Ce n’est pas un hasard si ce sont les nationalistes catalans qui ont présenté les amendements cités: le port de Barcelone est très actif en matière de développement du TMCD.
C’est précisément sur la façade méditerranéenne que le TMCD a commencé à prendre son essor avec le développement de plusieurs lignes Espagne-Italie et un trafic en expansion. Une première expérience qui donne encore plus de poids aux arguments des défenseurs du TMCD même si la problématique sera forcément différente sur la façade atlantique. Ce qui est clair en tout cas c’est que les obstacles existants n’entameront pas l’engouement des Espagnols.