Euroméditerranée: franco de port

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C’est maintenant officiel, Euroméditerranée veut doubler son périmètre d’intervention. L’établissement public créé en 1995, travaille depuis un an et demi sur le dossier d’extension. Il représenterait une surface supplémentaire de 300 ha qui s’étendrait d’Arenc jusqu’au Cap Pinède. Plus encore que le premier tracé, il mord sur de larges pans du domaine portuaire. Quatre commissions, sous l’égide du Préfet de région, se penchent sur la question. Non sans grincements de dents, notamment dans la communauté portuaire. Renaud Muselier, président d’Euroméditerranée, premier adjoint de Jean-Claude Gaudin maire de Marseille, le reconnaît: "Tout le monde est d’accord sur l’extension, mais pas sur le découpage."

En attendant, les grandes lignes de cette volonté seront présentées au CIADT dans le courant de ce mois de février. Le dossier ne comportera ni financement, ni zonage précis. "Nous voulons toujours plus d’investissements privés. Notre feuille de route, c’est minimiser la part du financement public", souligne François Jalinot, le directeur de l’établissement. C’est qu’en 10 ans, la position d’Euroméditerranée a évolué; la zone a "gagné le label les investisseurs qui viennent tout seuls demander du produit pour une 2e phase". "Nous sommes aujourd’hui à l’étroit", reprend-il à la suite de son président.

Renaud Muselier pour qui Euroméditerranée est "l’appartement témoin de la métropole", ne cache pas un certain agacement devant les difficultés rencontrées du côté du port, du conseil général et du conseil régional, deux assemblées dirigées par la gauche. "Le développement portuaire se fait par la politique. Nous en avons apporté la démonstration sur le périmètre actuel. C’est Euroméditerranée qui a fait bouger les choses et naître des projets".

DES DIVERGENCES AVEC LE PAM

François Jalinot, qui préfère parler de "débat technique", fait remarquer que le Port autonome de Marseille (PAM) a été "100 % gagnant et va avoir des ressources supplémentaires grâce à Euroméditerranée: l’Îlot Peysonnel (zone loisirs et touristique), les Terrasses du port (commerce et loisirs), le Silo (loisirs et bureaux)". Mais ces projets, dont la réalité est encore sur le papier, n’ont aucun rapport direct avec le trafic portuaire.

Le problème réside sans doute là: dans la capacité d’aménageur urbain du PAM. Euroméditerranée a contraint le PAM à revoir son schéma de trafic passagers. Entre la gare maritime Corse, celle récente de la Major, et le remodelage des J, les réalisations lui auront coûté plusieurs dizaines millions d’euros. Dans le même temps, un quartier d’affaires est né s’appuyant sur les Docks et l’emprise de chemin de fer de la Joliette.

À ceux qui traînent les pieds devant sa volonté d’expansion, Renaud Muselier "interpelle l’autorité portuaire pour savoir ce qu’elle va faire". "Personne ne propose rien. Je ne veux rien imposer, mais il faut agir."

L’impatience de l’élu tient-elle à ce que Marseille qui s’est portée candidate comme capitale culturelle européenne, prépare comme toutes les municipalités les prochaines élections? Renaud Muselier avance le minutage: "Les investisseurs nous sollicitent. Il faut dix ans entre les projets et leur réalisation. Le prochain coup se prépare aujourd’hui."

En attendant, une veille foncière s’est déjà mise en place. L’extension Euroméditerranée englobera des quartiers éminemment populaires comme Les Crottes ou le Canet, récemment classé en zone franche. "Nous voulons continuer à recoudre la relation ville-port, revitaliser des territoires urbains en déshérence."

S’apprête-t-il à livrer le port de Marseille aux promoteurs ou à la plaisance comme on l’accuse facilement? Rejetant ces rumeurs, l’adjoint au maire répète "ne vouloir rien imposer". "Je suis un ordonnateur, un réalisateur d’une ambition commune. Barcelone n’a pas fait autre chose avec son port."

La 2e phase en chiffres

300 ha, dont 50 ha occupé par l’emprise SNCF (gare d’Arenc), 100 ha du domaine portuaire et des quartiers populaires. La moitié des terrains appartiendrait à de grands propriétaires privés (Ville, EDF…). La zone comporte des sites logistiques (entrepôts, dépotage…) en pleine rénovation. Et Distrimar, le répondant de Distriport à Fos, dont les concrétisations se font attendre.

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