La campagne 2005/2006, du 1er juillet au 30 juin, s’est traduite, pour Senalia par une baisse de son activité globale de 14 % à 4,89 Mt. Une situation qui reflète la tendance générale dans le port de Rouen qui perd 9,7 % à 5,84 Mt de son activité céréalière. "La concurrence des pays de l’Est – Russie, Ukraine et Kazakhstan – a fortement marqué la dernière campagne", a rappelé Claude Grarnier, directeur opérationnel de Senalia.
Outre cette incursion dans le marché des pays de l’Est, la production française n’a pas été à la hauteur l’an passé. Les exportations de blé ont particulièrement souffert. Avec 2,7 Mt exportées, la part de marché de Senalia sur le port normand est passée sous la barre des 50 %, à 46,4 %, un chiffre jamais atteint au cours des cinq dernières campagnes. Le directeur opérationnel évoque deux raisons à ce déclin: une conjoncture peu favorable conjuguée avec une absence de visibilité sur le marché des blés fourragers. Parallèlement aux causes intrinsèques du marché, Senalia a aussi souffert des préacheminements difficiles vers le port. Puisant ces blés dans les régions Normandie, Champagne et Centre, le manutentionnaire rouennais assure 80 % de ses approvisionnements par camion. Pour la première année, le transport fluvial a dépassé, en pourcentage, la part du fer dans les préacheminements. "Une carence qui a rétréci notre hinterland", a continué Claude Granier.
PARTISAN DU FLUVIAL
Et le président de Senalia, Jean-Jacques Vorimore, enfonce le clou, faisant du ferroviaire "son gros souci". Il a annoncé être à la recherche de partenaires capables de réformer le fonctionnement de ce secteur. En attendant que cette solution soit mise sur les rails, le manutentionnaire rouennais plaide aussi pour un développement du fluvial. Il serait de nature à rendre au port de Rouen une zone d’approvisionnement élargie. Si, à l’entrée, les produits ont parfois dû mal à arriver, les responsables de Senalia ont souligné les bonnes intentions de l’autorité portuaire rouennaise. Les efforts de tarification consentis avec la baisse des tarifs pour les marchandises se révèlent une première étape encourageante. "Il faut mener à terme le projet d’approfondissement du chenal et peut être encore plus rapidement encore passer par le système de la descente en double marée", a continué le président.
Autre pan d’activité du groupe Senalia, l’approvisionnement de l’usine de trituration de Saipol. Les entrées de colza sont en progression de 1 % à 852 000 t et les sorties de tourteaux et d’huiles raffinées augmentent de 3,1 %, soit au total une hausse globale de cette activité de 2,3 % à 1,73 Mt.
À l’entrée, les marchandises arrivent par camion, train et péniches. À la sortie, la route et le fleuve réalisent ces flux, avec une mention particulière pour le Diester, qui part par fleuve depuis cette usine.
LE SUCRE, UN MARCHÉ EN MUTATION
Le sucre a aussi enregistré une campagne à la hausse avec 338 000 t exportées. Ce chiffre place le terminal Robust à Rouen à la première place des ports français. Ces sucres sont partis, pour moitié, vers Israël et Algérie. Si cette activité retrouve du tonus, elle demeure en dessous des espérances du groupe. Le trafic du sucre est aujourd’hui en mutation. Le sucre part de plus en plus en sacs conditionnés en conteneurs et non plus en vracs. La campagne qui s’est achevée en 2006 marque la fin d’une époque. La réforme de l’organisation commune du marché du sucre devrait modifier sensiblement la structure du marché européen. Déjà des sucreries ferment et des États, avec en premier l’Irlande, ont décidé de mettre un terme à leur production. Senalia assure qu’il met se met en position pour affronter cette réforme dans les meilleures conditions.
Enfin, dernier volet d’activité du groupe, la réception de fèves de cacao a connu l’an passé un record d’activité avec un trafic de 110 300 t (+ 49,45 %).
Après une campagne difficile, Senalia est confronté aux conditions économiques ralenties. Les six premiers mois de la nouvelle campagne ne laissent rien augurer de bon. L’orage devrait passer en mars, selon le directeur général de l’Office national interprofessionnel des grandes cultures (ONIGC), Bruno Hot.