Simple transposition au départ d’une directive européenne dans le droit français, un arrêté du 24 mai 2006 a institué des points d’entrée communautaires (PEC) qui ont pour objet d’organiser des contrôles phytosanitaires sur les végétaux. Tous les bois non traités (grumes, bois sciés, planches équarries) sont ainsi concernés. Une décision qu’approuve Jean-Luc Winter, président de l’Union maritime de Saint-Malo. La suite le fait nettement moins sourire. En effet, le 30 mai suivant, la France sort un nouveau décret qui, cosigné par Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture, et Jean-François Copé, ministre du Budget, décide la création de 17 PEC en tout et pour tout en France métropolitaine, au lieu des 54 existant auparavant. Et la surprise est d’autant plus grande que, sur ces 17 PEC, quatre seulement concernent les ports maritimes métropolitains. "Aux ports de Dunkerque, Le Havre, La Rochelle et Marseille, il faut ajouter, par extension, le port fluvio-maritime de Nantes-Cheviré qui exclut Montoir", poursuit Jean-Luc Winter en ironisant sur le sort de la Bretagne qui "c’est bien connu, n’est pas entourée d’eau!". Sont donc interdits de débarquement de bois non communautaires des ports comme Saint-Malo, Le Légué, Paluden, Roscoff, Brest, Lorient pour la Bretagne tout comme Honfleur ou Rouen pour la Normandie ou encore Bordeaux pour l’Aquitaine…
L’EXEMPLE DES PIF
"Dans un 1er temps, nous avons proposé de séparer la partie documentaire de la partie identitaire", reprend le président de l’Union maritime de Saint-Malo. Ce qui veut dire que, pour du bois débarqué n’importe où en Bretagne par exemple, les papiers soient faits au Havre et les contrôles effectués lors du déchargement dans un port breton. "On nous a répondu: déchargez au Havre et transportez le bois par camions! Ahurissant d’un point de vue économique et écologique." Dans un deuxième temps, l’Administration a fini par accepter que les navires soient inspectés dans un port classé PEC pour ensuite gagner les ports de débarquement. "Pour Saint-Malo uniquement, cette mesure équivalait à un surcoût de 560 000 € sur les 100 000 m3 de bois importés de Russie, chiffre Jean-Luc Winter, autant transformer directement le bois en Russie et le faire venir par camions."
Du coup, face à la grogne naissante, le ministère de l’Agriculture a décidé d’organiser "une mission d’inspection générale afin de recenser les contraintes économiques générées par ces nouvelles dispositions". Une première étude doit être prochainement rendue pour tester une solution temporaire évitant des trafics déroutés ou carrément stoppés. "Je n’accepte pas qu’on fasse porter à l’Europe une responsabilité qu’elle n’a pas", fulmine le président de l’Union maritime de Saint-Malo. Et le danger de cette situation qui bloque les importations de bois n’est que la partie émergée de l’iceberg. "Une absence de réaction de la part des importateurs risque d’ouvrir en grand la porte à des interdictions futures d’autres produits d’importation. On l’a déjà vu avec les Postes d’inspection frontaliers (PIF)." Et de préconiser pour la Bretagne, un PEC central à Rennes avec dérogation de contrôle dans les ports de destination. D’autres régions vont-elles s’y coller?