Suite à la nomination provisoire d’Henri Jacob à la présidence de son conseil d’administration (JMM 24-11-2006, p. 4), la BAI a tenu, le 1er décembre, une assemblée générale extraordinaire qui a profondément modifié ses modes de fonctionnement. C’est la formule à "directoire et conseil de surveillance" qui a été adoptée. Un directoire à trois membres présidé par le directeur général Jean-Michel Giguet aux côtés de Martine Jourden, directrice financière, et pour la première fois de l’histoire de la compagnie, David Longden, directeur de Brittany Ferries UK. Composé de 11 membres, le conseil de surveillance a élu Alexis Gourvennec en tant que président et Jean-Marc Roué en qualité de vice-président.
Derrière ce remaniement, se cache surtout l’élection du vice-président du conseil de surveillance. À 38 ans, Jean-Marc Roué, agriculteur-légumier du Nord-Finistère et dauphin désigné du président fondateur Alexis Gourvennec, devient le nouvel homme fort d’une compagnie qui reste entre les mains du monde agricole. Une décision qui se veut avant tout un message multidirectionnel très fort. Nommé à la vice-présidence le 1er décembre, Jean-Marc Roué n’a d’ailleurs pas attendu pour organiser sa première conférence de presse, tenue au siège de l’armement, à Roscoff, le 4 décembre.
PAVILLON ET MARINS FRANÇAIS
Jean-Marc Roué affiche un parcours assez similaire à celui de son prédécesseur. Syndicaliste agricole (CDJA), président de l’Organisation bretonne de sélection, il a également été élu au conseil d’administration de la BAI en 2000. "Si certains ont cru que les agriculteurs ne voulaient plus gérer un armement comme la BAI, ils se sont trompés", assène-t-il d’emblée, balayant en une petite phrase très ferme les rumeurs qui courraient sur l’entrée de nouveaux actionnaires (Veolia, Dreyfus…). Le nouvel homme fort de l’armement l’a bien compris: il fallait rassurer et vite. Rassurer autant les 2 500 salariés qui se posaient de nombreuses questions que tous les partenaires (sociétés d’économie mixte propriétaires des navires, banques, gouvernement, etc.). C’est fait! "La BAI a été créée par le monde agricole pour assurer un développement régional complet. L’histoire a fait que 70 % du capital était aux mains des agriculteurs. Nous restons dans ce schéma directeur qui fait de nous des partenaires économiques importants."
Dans les jours et semaines qui viennent, Jean-Marc Roué va prendre son bâton de pèlerin pour rencontrer tous les partenaires de la compagnie et confirmer son message fort. En ce qui concerne le maritime, le premier a trait au pavillon: "Nous avons toujours fait confiance aux marins et au pavillon français. Il n’y a pas de volonté de changement de ce côté-là et il n’y en aura pas." Mais tradition oblige, l’héritier spirituel d’Alexis Gourvennec va poursuivre les échanges avec l’État concernant les possibilités d’aménagement "qui seraient étendues à tous les armateurs français confrontés aux distorsions de concurrence."