Fos 2XL appellera-t-il un troisième manutentionnaire? Actuellement, deux entreprises se partagent les quelque 607 000 EVP (statistique 2005) du terminal de Fos: Eurofos, filiale de MGM où Port Synergy est majoritaire, et Seayard, fondée par un consortium d’armateurs parmi lesquels on retrouve Mærsk, Cosco et ZIM. D’ici trois ou quatre ans, avec l’entrée en fonction de Fos 2XL, le premier déménagera à coup sûr sur le terminal de Port Synergy (CMA CGM et P&O Ports). Son départ ouvrira le champ à plusieurs hypothèses. La plus probable est qu’Eurofos rejoigne le terminal de MSC à la suite d’un accord entre Mærsk et l’armateur helvète. Cela fait deux ans, depuis que CMA CGM a pris le contrôle de MGM via Port Synergy, que la possibilité d’une alliance est évoquée par leurs sphères dirigeantes. Si elle venait à se réaliser, le terminal public resterait sans manutentionnaire à moins que Port Synergy, dont le terminal privé sera contigu, l’opère également. Autre scénario, l’accord MSC-Mærsk ne s’effectue pas; ce qui laisse le futur terminal MSC sans manutentionnaire attitré. Dans ce cas, l’armateur helvète serait contraint soit de créer son propre service de manutention, soit, peu probable, de faire appel à Port Synergy.Rien n’est certain, les manœuvres ballotteront jusqu’au bout avec le jeu des alliances entre les armements concernés.
Toutes ces hypothèses se compliquent un peu plus avec le triplement du trafic espéré. Comment les manutentionnaires y feront-ils face? Ils embaucheront certainement. Ils ne manqueront surtout pas de faire appel à la puissante armée de réserve que représentent les dockers intermittents, toujours assez nombreux, et les ouvriers du GEMFOS, association tampon, sorte de BCMO bis, qui fournit de la main-d’œuvre aux deux manutentionnaires.
Dans tous les cas, on s’oriente vers une réorganisation profonde de la manutention des conteneurs à Fos. C’est bien ce qui inquiète la CGT du Port autonome de Marseille qui, si elle ne s’oppose pas au projet Fos 2XL, redoute surtout que le terminal public actuel se vide de sa substance et de son activité au profit des futurs terminaux privés. À cette crainte, le syndicat ajoute le problème du statut des opérateurs de portiques. "Les prérogatives de l’établissement public doivent être maintenues sur l’ensemble du terminal", tranche-t-il alors que Port Synergy exige que l’exploitation soit "assurée par du personnel qu’elle dirige directement". La direction du PAM, quant à elle, assure que "Fos 2XL est un choix stratégique de développement dont le terminal public ne sera pas le parent pauvre". Pour réussir, les discussions qui se sont ouvertes entre les partenaires, devront réaliser la quadrature du cercle.
Le bémol d’Ouest Provence
L’intercommunalité Ouest Provence (Istres, Fos-sur-Mer, Miramas, Grans, Cornillon/Confoux et Port-Saint-Louis-du-Rhône) apporte un bémol sur Fos 2XL. Tout en soutenant le projet créateur d’emplois, les élus font remarquer que l’État n’a pris aucun engagement sur le financement du prolongement de l’A55 déjà saturée. Or avec le nouveau terminal à conteneurs, le trafic routier devrait s’accroître quotidiennement de quelque 12 000 véhicules… de quoi rendre problématique la desserte de Fos 2XL.