Réuni en préfecture, le conseil d’administration du Port autonome de Marseille (PAM) a finalement approuvé le 6 octobre la double convention d’exploitation de Fos 2XL. Après un coup d’arrêt la semaine précédente, le dossier n’est pas passé par la grande porte. Les représentants de la CGT ont, en effet, voté contre. Cela malgré un accord signé tard dans la soirée précédente entre le syndicat, le PAM et Port Synergy qui n’a pas réglé le statut de la conduite et de la maintenance des portiques sur les terminaux privatisés.
Guy Janin préfère savourer l’instant. "À partir d’aujourd’hui toutes les conditions sont réunies pour livrer aux deux opérateurs les nouveaux terminaux fin 2008", se réjouit le directeur du PAM. Les entreprises retenues dans le cadre des appels d’offres devraient être connues à la mi-novembre. Les travaux présentent une belle dimension puisque 7 Mm3 devraient être dragués et près de 1,5 km de quai réalisé.
Parallèlement à ce chantier, un autre se livrera entre les représentants des agents du PAM, leur direction et les futurs opérateurs privés. Leurs discussions représentent un grand pari. Au rythme d’une réunion tous les 15 jours, les partenaires sociaux devront faire converger leurs divergences. Port Synergy souhaite, en effet, avoir la pleine autorité sur l’ensemble des personnels de son futur terminal tandis que la CGT du PAM réaffirme son souci de voir la conduite et la maintenance rester dans le giron de l’établissement public. Guy Janin, qui dit ne pas redouter de mouvements sociaux pour le moment, se plaît à souligner "la vraie envie d’aboutir et de converger de tous".
LE JEU EN VAUT LA CHANDELLE
Fos 2XL se propose de tripler le trafic conteneurs et de créer pas moins de 4 500 emplois directs et indirects. Comment? La convention d’exploitation qui court sur 35 ans, annexe une obligation de faire croître les trafics au rythme moyen de 8 % par an. Des objectifs à court et à moyen terme ont été établis. Ainsi sur les toutes premières années Port Synergy devrait apporter 400 000 EVP (sur 660 000 prévus à terme) et MSC, 450 000 (sur 800 000). Rappelons que CMA CGM apporterait actuellement 86 000 EVP sur le terminal de Fos et MSC, 92 000. L’an dernier, ce même terminal a traité 607 000 EVP sur un total de 908 000 EVP pour l’ensemble des bassins. Qu’arrive-t-il si ces objectifs ne sont pas respectés? Un dispositif d’incitation financière sanctionne le fautif: la ristourne prévue sur sa redevance lorsque le résultat est atteint, tombe.
Ces calculs ne dureront pas une décennie. "Si tout va bien, les deux terminaux seront saturés vers 2016", assure le directeur du PAM.
Pourquoi une concession de 35 ans?
Pour Fos 2XL, la durée de convention des terminaux public/privé court sur 35 ans. Elle est de 36 ans pour Port 2000 au Havre. Cette période est le résultat d’un savant calcul qui mêle les amortissements des infrastructures portuaires et des superstructures (portiques).
Changement de chiffres et de dates
Au fil des années, Fos 2XL a évolué. En 2002, présentant le projet, le PAM annonçait un nouveau quai de 1 000 m, une superficie de 60 ha et 300 M€ d’investissement global. L’objectif était alors de doubler le trafic conteneur fosséen pour le porter à 1,2 MEVP. Quatre ans plus tard et l’explosion maritime de la Chine aidant, l’établissement table sur 1 400 m supplémentaires de quai, une superficie de 102 ha et un investissement public-privé de 410 à 450 M€. Le trafic doit tripler avec 2,1 millions de boîtes. Le tirant d’eau, même s’il est susceptible d’être approfondi à 16 m, demeure par contre à 14,5 m; un niveau limite pour accueillir les porte-conteneurs de 8 000 EVP.
Les obligations des opérateurs ont été également modifiées. D’après la direction du PAM, si le niveau plancher (ou minimum) de trafic a été relevé, l’objectif global, lui, est redescendu. Quant à la date de mise en exploitation, c’est le pied à coulisse. En 2002, la mise en exploitation de Fos 2XL était annoncée pour 2005. En 2005, la date était repoussée à 2007 et aujourd’hui on mise sur 2009-2010. Dix ans, du projet à la réalisation concrète, ce n’est pas exagéré.
R.V.
