Cela fait de nombreuses années que le projet d’extension du Port autonome de Nantes/Saint-Nazaire, sur le site de Donges-Est, défraie la chronique. Cette fois, le futur site devrait voir le jour. Le ministre des Transports vient d’autoriser le démarrage de la première tranche. À l’issue de la première phase, en 2011, ce site, dont la surface totale s’élèvera à 440 ha, présentera un terre-plein de 50 ha et un quai de 500 m avec deux postes prévus pour l’accueil de navires jusqu’à 12 m de tirant d’eau.
"À compter de la présentation du projet au comité scientifique et technique de suivi, 16 mois seront nécessaires pour la réalisation des mesures compensatoires. Les travaux d’aménagement s’étaleront ensuite sur quatre années. Nous avons cinq ans de retard", explique Michel Quimbert, président du port.
L’appel de trois associations de défense de l’environnement (Bretagne Vivante, Loire Vivant et la LPO 44) de la décision du tribunal administratif de Nantes les déboutant de leur recours contre cette extension, "n’est pas suspensif. Et, il n’y a pas de contentieux avec Bruxelles, seulement un processus d’information. En termes de mesures compensatoires, nous sommes allés au-delà de ce que l’on nous a demandé en cédant au conservatoire du littoral 1 617 ha, soit un tiers du patrimoine du port autonome. En outre, le rétablissement du bras de Bilho permettra de réalimenter 1 200 ha de vasière. Des roselières seront créées", précise le président.
L’UN DES ÉLÉMENTS DU PROJET D’ENTREPRISE
Cet aménagement représente un investissement de 65 M€. Cette opération est inscrite aux contrats de plan 2000/2006 (30 M€) et 2007/2013 (35 M€). Le financement des travaux est réparti entre le Port autonome (40 %), l’État (20 %), la région des Pays de la Loire (20 %), et le département de la Loire-Atlantique (20 %).
"Donges-Est permet de répondre à la saturation progressive du terminal agroalimentaire et multivracs de Montoir. Il s’inscrit par ailleurs dans un programme à long terme, pro environnemental, favorisant le développement du transport maritime", indiquent les responsables du port. Sa capacité, hors terminal sablier, est estimée à 1,5 Mt: vracs solides industriels issus de la saturation du terminal multivracs de Montoir, nouveaux vracs (construction, produits de recyclage…). Le trafic total 2005 des terminaux sabliers des sites de l’aval de l’estuaire s élève à environ 800 000 t. Le transfert des installations sur Donges-Est est prévu dans le cadre de l’implantation du terminal roulier dédié à l’autoroute maritime transgascogne.
Si Donges-Est est l’un des éléments du projet d’entreprise lancé, il y a un an, 54 autres sont pour la plupart initiés après qu’aient été définies les orientations stratégiques. "Plusieurs implantations industrielles sont en cours, comme Diester et Cargill à Montoir-de-Bretagne, et CFF Recycling à Nantes. D’autres sont à l’étude: centrale à gaz et à charbon à Montoir, valorisation de la Biomasse à Donges, éoliennes au Carnet", souligne François Marendet, directeur général du port autonome.
Pour les Verts: “Donges-Est est un énorme mensonge économique”
“Justifier l’extension du port ligérien sur le site de Donges-Est par sa prochaine saturation est un énorme mensonge économique”, déclare Gille Denigot, militant Vert, ancien docker et ancien membre du conseil d’administration du Port autonome de Nantes/Saint-Nazaire. “Non seulement les sites ne sont pas saturés, mais les chiffres donnés par le port en termes de croissance depuis 1998 sont contredits par la réalité. Le port ne peut que se servir d’un affichage sur la croissance des hydrocarbures et autres produits énergétiques, alors que les marchandises dites concurrentielles ne sont aucunement concernées par les sites annoncés comme saturés.”
Il estime que les terminaux ont un potentiel inexploité, que ce soit pour le bois, le charbon, les conteneurs, le terminal multivrac (TAA), et le terminal fruitier. “Ce ne sont donc pas d’espaces de terres pleins ou encore de linéaires de quai dont le port a besoin pour se développer, mais d’activité qui baisse sensiblement vis-à-vis de la majorité des autres ports autonomes sur toutes les marchandises dites concurrentielles. Le port a besoin d’une véritable politique commerciale qui le hisse au niveau du développement du commerce maritime”, pense Gilles Denigot.
