Sursaut d’inquiétude ou confrontation de fond? Le 29 septembre, la CGT parvient à faire reporter l’examen du dossier de Fos 2XL et la séance du conseil d’administration du Port autonome de Marseille (PAM) qui devait statuer. La journée est marquée par des arrêts de travail. Les responsables du PAM qui avaient cru la hache de guerre enterrée avec la signature d’un traité de paix sociale quatre mois auparavant, cherchent visiblement à dédramatiser la situation. "L’occupation de la salle du conseil s’est faite de manière pacifique. L’ambiance était correcte, les propos sans excès", rapporte Christian Garin, président du PAM. "Nous ne sommes pas dans une situation bloquée. Une rencontre avec les syndicats est d’ailleurs prévue", appuie Guy Janin, directeur de l’établissement.
Curieusement, l’origine du conflit ne provient pas du statut des portiqueurs sur le futur terminal conteneurs privé, sujet hautement conflictuel, mais plutôt d’une question de géographie public/privé. Le dossier dont devait débattre les administrateurs du PAM, concerne, en effet, la convention liant l’établissement avec les deux opérateurs de Fos 2XL, CMA-CGM avec Port Synergy d’une part, MSC de l’autre.
DES CRAINTES POUR LE TERMINAL PUBLIC
Le texte précise les conditions d’attribution de l’exploitation des 1 400 m de nouveau terminal sur les 35 ans à venir. Il prévoit entre autres que 200 des 1 170 m du terminal public “ripent” sur Fos 2XL. Un casus belli pour les dirigeants syndicaux qui accusent: "Avant même de commencer, le privé empiète déjà". Christian Garin s’en défend. Des raisons techniques exigent qu’un module de 800 m soit attribué, et puis sur les 200 m effectivement "basculés", 150 n’étaient pas aménagés pour accueillir des overpanamax. "Il n’y a pas de craintes à avoir. La capacité du terminal public restera identique". D’autant que le déménagement du manutentionnaire Eurofos sur le quai de CMA-CGM libérera des capacités nouvelles. Guy Janin préfère souligner que "les quais privés valoriseront le terminal public", qu’ils créeront des centaines d’emplois. "Le succès ne viendra pas tant que nous n’aurons pas construit Fos 2XL. Sinon Marseille restera un port régional pour les conteneurs. Nous continuerons de courir après le développement alors que les ports du nord l’anticipent".
La discussion ne peut s’éterniser. Une semaine au plus puisque la séance du conseil d’administration a été reportée au 6 octobre. "Nous n’avons pas un jour à perdre, nous sommes en retard, il faut ouvrir Fos 2XL au plus tôt", avertit Guy Janin. Le PAM a prévu de livrer les plates-formes aux deux opérateurs en 2008 afin que ces derniers procèdent aux aménagements. "Si aucun accord n’est trouvé, nous tirerons des enseignements et chacun prendra ses responsabilités."
Les syndicalistes renâclent devant ce nouveau pas qui enclenche concrètement le processus. Devant ce tournant, l’inquiétude dépasse les 220 agents du PAM qui assurent l’exploitation et la maintenance du terminal conteneurs de Fos. Surtout que la question de leur statut n’a toujours pas été réglée. "On ne pourra étudier cela avec les opérateurs qu’une fois la convention signée", indique Guy Janin. La réponse des dirigeants CGT du PAM est catégorique: "Nous ne voulons pas d’un arrangement à la havraise." En attendant, le PAM ne se montre pas, une fois de plus, un havre de paix.
