La CMN "n’exclut aucun moyen" pour se défendre

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Alors que la petite compagnie marseillaise (trois cargos mixtes) est embarquée dans une épreuve qui l’oppose à l’Etat, à l’Office des transports corses, à la "voracité" du groupe Véolia et à la "duplicité" du fonds d’investissement Butler qui ont repris la SNCM, ses dirigeants veulent afficher la sérénité. Effectuant le point à l’issue du conseil d’administration, le 25 septembre, qui a pourvu au remplacement de deux actionnaires démissionnaires (voir encadré), ils ont pris note des bons résultats enregistrés par la compagnie depuis le début de l’année avec un chiffre d’affaires en hausse de 3,6 % (+ 4,3 % pour les passagers et + 1,7 % pour le fret). Un score qui s’apprécie encore mieux à la lumière de celui de 2005 où la Méridionale avait mis à profit la faille sociale de la SNCM.

L’état de santé budgétaire de la CMN reste bon et le moral de ses dirigeants engagés dans une multitude de recours devant les tribunaux n’a jamais été aussi ferme. "Nous n’excluons aucun moyen s’il s’agit de défendre les intérêts de la Méridionale, son indépendance et son identité commerciale", affirme Robert de Lambilly, président de la compagnie. En saisissant le Conseil de la concurrence pour dénoncer une "entente" entre la SNCM et la Collectivité territoriale de Corse, la CMN réclame une suspension de la procédure d’attribution de la délégation de service public pour la desserte maritime de la Corse qui devrait se conclure d’ici trois ou quatre semaines. Les élus corses ont rejeté la demande ce qui signifie que le conseil de la concurrence statuera après l’attribution. "Notre intérêt n’est pas nécessairement d’aller vite", tempère Robert de Lambilly en évoquant l’existence de "portes de sortie".

Plus incisif encore, Francis Lemor, président de STEF-TFE, qui mène la manoeuvre, estime la Méridionale incontournable. "Tout le monde veut nos trois navires", résume-t-il avant d’ironiser "sur la société en faillite qui veut s’emparer de la Méridionale avec l’argent du contribuable".

Dévoilant la première version du scénario de privatisation de la SNCM, ou Butler avait proposé à STEF TFE de prendre 10 % de la compagnie publique et de disposer de toutes les parts de la CMN, le dirigeant de STEF TFE s’interroge encore sur les raisons de l’irruption du groupe Véolia dans le jeu. Il en apportera au moins une, l’affaire est juteuse en terme financier et sans risque. "Où a t-on vu une reprise assortie d’une provision de 137 M€ pour des pertes futures et une clause de sortie au cas où un marché ne serait pas obtenu?". La CMN n’a pas fini de mettre ses pieds dans le plat de la desserte continent-corse.

Un conseil d’administration “monocolore”

Eric Giuly et Pierre Vieu démissionnaires, la Méridionale a coopté deux nouveaux administrateurs: Pascale Wagner, secrétaire général du groupe STEF TFE (et ancien de la CGM) et Patrick Molis, président de la Compagnie nationale de navigation, (et ex-conseiller de la cour des comptes et de Worms). Ils siègent aux côtés de Robert de Lambilly, président de la CMN, Francis Lemor, président de STEF-TFE, Marc Reverchon, directeur général de la CMN, Olivier de Visme, banquier, Stim d’Orbigny, représentée Jean-Jacques Mirobent, Sata Minfos, société du groupe STEF-TFE, représentée par Georges Géronimos (courtier). Afin certainement d’atténuer le monocolore du CA, un élargissement à des nouvelles personnalités du monde économique de Corse et du continent est envisagé. Le nom de Raymond Vidil, patron de Marfret et représentant du Medef régional, revient souvent.

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